Budget : une hirondelle qui ne fera pas le printemps

Dans la vie d'un ministre du Budget pouvoir annoncer que l'exécution budgétaire d'une année se révèle meilleure qu'attendu est généralement un moment de satisfaction dont on ne se prive pas. Et pourtant, Éric W?rth a opté pour la sobriété. Seulement une intervention télévisée sur la chaîne d'information iTélé et un communiqué, pour annoncer que finalement le déficit du budget de l'État s'est établi l'an dernier à 138 milliards au lieu de 140,9 miliards d'euros. Cette sobriété tient au fait que même réduit à 138 milliards, ce déficit de l'État est le plus important jamais enregistré. L'épaisseur du traitFace à ce niveau record, l'amélioration de 3 milliards par rapport aux dernières prévisions, c'est un peu l'épaisseur du trait. Et pourtant, dans ces chiffres, le ministre du Budget peut trouver matière à satisfaction. Ainsi, les dépenses ? hors plan de relance ? ressortent inférieures de 1 milliard au plafond voté par le Parlement. Côté recettes, les rentrées fiscales sont supérieures de 2,5 milliards aux dernières estimations grâce à une meilleure tenue des recettes de TVA et d'impôts sur les sociétés (IS). À l'inverse, le solde des comptes spéciaux affiche une dégradation de 500 millions par rapport à la prévision. Meilleures que prévues, les recettes d'IS ? à 20,9 milliards d'euros ? semblent indiquer que les entreprises anticipent des résultats moins dégradés qu'on ne l'avait envisagé. Cependant, 2009 a été marquée par un effondrement (? 58 %) par rapport à 2008 et nombre de spécialistes s'interrogent sur le temps qu'il faudra pour renouer avec des recettes d'IS de l'ordre de 50 milliards d'euros, soit le niveau des années d'avant crise. Par ailleurs, si Éric W?rth préfère garder une certaine réserve, c'est aussi qu'il sait en tant que ministre des Comptes publics que le chemin du rétablissement des finances publiques ? la dette atteint 78 % du PIB et le déficit sera d'environ 8 % de la richesse nationale cette année ? risque bien de tourner à la course d'obstacles. Ne serait-ce que pour compenser les charges d'intérêt de l'emprunt national, le ministre du Budget doit trouver près de 1 milliard d'économies dans les dépenses des ministères. Et pour la suite, le cap est fixé : ramener le déficit à 3 % du PIB en 2013 avec comme seul levier, la réduction de la dépense publique puisque le chef de l'État le dit et le répète, il n'est pas question d'augmenter les impôts. A. E.
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