Victor Ianoukovitch aux portes du pouvoir ukrainien

Le scrutin présidentiel ukrainien, c'est le retour du refoulé, aidé en sous-main par un oligarque musculeux. Le favori des sondages, Victor Ianoukovitch, 59 ans, revient de loin. En 2004, alors qu'il était Premier ministre et lourdement appuyé par Moscou, il subit une cuisante humiliation lorsque la « révolution orange » pro-occidentale bloque son triomphe annoncé et bâti sur des fraudes électorales massives. Aujourd'hui, avec plus de 30 % des intentions de vote, il devance très largement les autres candidats et est assuré d'arriver au second tour. Son retour en grâce, il le doit essentiellement à l'éclatement du camp « orange », usé par les luttes internes et son bilan scabreux de cinq années au pouvoir. Victor Ianoukovitch représente les intérêts des grands groupes industriels de l'est du pays et en particulier du magnat de l'acier Rinat Akhmetov, l'un des hommes les plus riches d'Europe. Son programme économique promeut une monnaie faible pour soutenir les exportations de métaux. Il se dit favorable à l'intégration future de l'Ukraine dans l'Union européenne mais souhaite également un rapprochement avec la Russie. Il s'oppose à une intégration dans l'Otan. En couverture de « Men's Health »Victor Ianoukovitch traîne aussi quelques casseroles comme deux courts séjours en prison pour violences, et des qualités oratoires quelque peu limitées. Sa popularité dans l'ouest de l'Ukraine est très faible. Contre toute attente, la seconde figure du scrutin, si l'on en croit les derniers sondages, n'est pas Ioulia Timochenko (13,9 %), passionaria de la « révolution orange » et actuelle Premier ministre, mais un nouveau venu. Sergueï Tigipko, un banquier de 49 ans, semble désormais le mieux placé pour atteindre le second tour avec 14,4 % des intentions de vote, avec une forte progression ces dernière semaines. L'homme est entré dans la course d'une manière inhabituelle, en exhibant son torse musclé en couverture de l'édition locale de « Men's Health » du mois de décembre. Ancien ministre de l'Économie, il se positionne comme indépendant des clans politiques et prône une plate-forme libérale très prudente et moins pro-russe que celle de Victor Ianoukovitch. Troisième dans les sondages, Ioulia Timochenko souffre d'avoir passé plusieurs années au pouvoir dans une ambiance de querelles personnelles incessantes qui ont terni le prestige du pays et rendu le gouvernement inopérant. Elle se dit favorable à une intégration dans l'Union européenne, se veut la championne de la chasse aux oligarques (bien que plusieurs d'entre eux la soutienne) et prône un rapprochement avec Moscou après avoir longtemps été la bête noire du Kremlin. Le président ukrainien, Victor Iouchtchenko, 55 ans, autre leader de la « révolution orange » apparaît désormais comme l'ultime bête noire du Kremlin et unique défenseur de l'entrée du pays dans l'Otan. Un projet qui a peu de chances de se réaliser car le président candidat à sa propre succession ne dépasse pas les 3 % des intentions de vote.
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