Vingt ans après la bulle économique, Tokyo peine à reprendre confiance

L'annonce du chiffre du produit intérieur brut japonais pour le dernier trimestre 2009 a confirmé les prévisions optimistes des économistes : l'économie a crû de 4,6 % en rythme annualisé, soit la plus forte progression depuis avril-juin dernier. Les raisons principales de cette embellie sont à chercher hors des frontières de l'archipel, qui tire toujours les trois quarts de sa croissance des exportations. La bonne tenue de la demande en provenance d'Asie et des États-Unis « porte » la croissance nippone. Au Japon, la demande intérieure demeure constante, soutenue par les généreux plans d'aide à la consommation décrétés par le précédent gouvernement.Les entreprises ont par ailleurs recommencé à investir. Bien que les usines tournent au ralenti, « ça n'est pas le taux d'utilisation, mais le changement de conjoncture, qui est déterminant pour les décisions d'achat de nouveau matériel », explique Kyohei Morita, économiste chez Barclays. Les rapides mutations technologiques obligent de toute façon l'appareil de production industriel japonais à effectuer des « investissements de substitution », souligne-t-il. « Par exemple, les constructeurs automobiles ont besoin de lignes de production pour des véhicules électriques, même s'ils ont trop de capacités de production pour des véhicules essence », explique Kyohei Morita.certains experts optimistesLes derniers chiffres du PIB ont été accueillis avec une certaine tiédeur par certains économistes. Ils soulignent que les plans de relance de la consommation s'essoufflent, et que les pressions déflationnistes persistent. La Chine pourrait bientôt surclasser le Japon en termes de PIB. Le Premier ministre lui-même, Yukio Hatoyama, s'est gardé de tout optimisme excessif, soulignant la difficile situation du marché du travail.Mais, au-delà de ces considérations de politique macroéconomique, d'autres experts affichent un certain optimisme. Pour eux, « le tissu industriel japonais est composé d'entreprises à l'activité cyclique, ce qui explique qu'elles sont les premières victimes des crises, mais aussi les premières à en sortir. Par ailleurs, elles se refusent à licencier, ce qui a provoqué l'écrasement de leurs marges en 2009. Mais, aujourd'hui, il y a un effet d'aubaine sur leurs résultats », estime l'économiste Laurent Halmos. Autre bonne nouvelle pour le patronat japonais : 2010 est le vingtième anniversaire de la sortie de la bulle, ère qui se caractérisa notamment par un surinvestissement délirant. Or les entreprises japonaises mettent en général vingt ans à amortir leurs investissements. Elles sont par conséquent en train de se libérer de l'impact des excès passés, ce qui se traduira, là encore, par une hausse de leurs profits. nInfographie2cols 70mmLa bonne tenue de la demande en provenance d'Asie et des États-Unis « porte » la croissance nippone.
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