La crise grecque accélère la bataille pour la succession à la tête de la BCE

Nous essayons de changer la route du ?Titanic?, cela ne peut se faire en un jour », dramatisait lundi le ministre grec des Finances Georges Papakonstantinou à son arrivée à Bruxelles où se tenait une réunion des ministres des Finances de la zone euro. Ces derniers comptaient lui demander d'adopter des mesures encore plus strictes pour assainir les finances publiques de son pays. « Les risques se matérialisent et c'est pourquoi il y a clairement besoin de mesures supplémentaires », a averti Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques. « Nous allons examiner et évaluer les mesures supplémentaires, et en même temps discuter d'autres mesures qui vont être préparées en accord avec la Commission européenne, la BCE et le FMI », a de son côté prévenu le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.Face à ces exigences, Georges Papakonstantinou mettait en garde sur l'effet de nouvelles annonces, alors que le programme de rigueur grec pour réduire en 2010 le déficit public de 4 % pour le ramener à 8,7 % du PIB commence à peine à être appliqué. « Ce serait un mauvais signal, même pour les marchés », a-t-il rétorqué.bilan mi-marsUn premier bilan est prévu à la mi-mars. S'il n'est pas satisfaisant, Athènes devra se montrer plus rigoureuse pour réduire ses dépenses publiques. C'est dans ce contexte que l'Eurogroupe devrait ce mardi élire le gouverneur de la banque centrale portugaise, Vitor Constancio à la vice-présidence de la Banque centrale européenne (BCE). Ce dernier remplacera le Grec Lucas Papademos, dont le mandat expire en mai. Selon la presse allemande, c'est le gouvernement d'Angela Merkel qui a fait pression en faveur de Vitor Constancio. Pour Berlin, il s'agit en réalité d'obtenir en 2011 la nomination de l'actuel président de la Bundesbank, Axel Weber, à la présidence de l'institution monétaire. Une règle non écrite prescrit un équilibre entre les pays du nord et ceux du sud de l'Europe (lire page 27).Selon « Der Spiegel », Berlin se serait assuré le soutien de Paris, qui aurait lâché Mario Draghi, le gouverneur de la banque centrale d'Italie, candidat à la succession de Jean-Claude Tricher pour obtenir un accord ? a minima ? sur le gouvernement économique européen. En un mois, Berlin aura donc abandonné « son candidat » à la vice-présidence, le Luxembourgeois Yves Mersch, pour emporter la direction de la BCE. Faut-il y voir une conséquence de la crise grecque ? Pour la coalition allemande, la nomination d'Axel Weber permettra de rassurer les marchés et renforcer la stabilité de l'euro. Le « Süddeutsche Zeitung » citait lundi un document interne du ministère des Finances, révélant que le sud « réclamait une représentation plus équilibrée », mais considérait que cela ne devait pas jouer en faveur de Mario Draghi, car, ajoute la note, « les pays du Sud sont déjà représentés au directoire de la BCE de façon inédite ». En ces temps turbulents, l'Allemagne n'entend pas laisser réduire son influence. Sa concession sur la vice-présidence lui offre en réalité le contrôle de la future politique monétaire européenne. n Georges Papakonstantinou, ministre des Finances grec(à droite) en compagnie deJean-Claude Trichet, président de la BCE.
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