La santé financière du Portugal continue à inquiéter les marchés

Les inquiétudes des investisseurs obligataires continuent à se focaliser sur la dette portugaise malgré la détente des primes de risque en ce début d'année induite par les négociations sur le futur mécanisme européen de résolution des crises. Alors que l'Espagne a sans difficulté réussi à lever ce mardi 6,2 milliards d'euros de titres à court terme à des taux en nette baisse par rapport à janvier, le Portugal a vu son taux à 5 ans grimper jusqu'à 7,03 %, son plus haut niveau depuis l'entrée du pays dans la zone euro. « L'émission à court terme espagnole s'est bien passée mais le plus important reste à venir avec l'émission à court terme du Portugal ce mercredi et l'émission à long terme espagnole de jeudi », explique Nicolas Forest, stratégiste taux chez Dexia AM. La Grèce a elle aussi placé ce mercredi 390 millions d'euros de titres à 3 mois à un taux plus faible qu'en janvier.Depuis le début de l'année, les primes de risque exigées par le marché ont baissé pour tous les pays « périphériques » à l'exception du Portugal. Ses primes à 5 ans et à 10 ans ont ainsi respectivement augmenté de 70 et 50 points de base, à 454 et 459 points, pour venir flirter avec les records de novembre dernier. Dans le même temps, la prime à 10 ans espagnol a baissé de 25 points à 213 points après avoir atteint un record de 283 points en novembre. « L'Espagne a davantage connu une crise d'illiquidité que de solvabilité, et le fait que plus personne ne parle de plan de sauvetage pour Madrid traduit le regain de confiance dans la capacité de l'Espagne à se financer. C'est en revanche plus problématique pour la dette portugaise, dont la demande est plus restreinte et l'offre importante en ce début d'année », souligne Nicolas Forest. Depuis janvier, le Portugal a en effet émis plus de 8?milliards d'euros de dette, y compris les 3,5 milliards de titres à 5 ans placés lundi dernier par syndication bancaire, ce qui a pesé sur les cours.Solvabilité du paysLes intervenants restent en outre inquiets quant à la capacité du pays à rester solvable. Si Lisbonne a affirmé lundi que son coût de financement global restera inférieur à 5 % jusqu'à 2013 même dans un environnement tendu, l'envolée du coût au-delà de 7 % à moyen terme serait synonyme de restructuration selon les experts. L'accord annoncé ce lundi par les ministres des Finances de la zone euro sur la taille du futur mécanisme européen de stabilité pour l'après 2013 ? 500 milliards d'euros de capacité de prêts effective ? n'a de ce point de vue pas calmé les inquiétudes. « Jusque-là, les autorités européennes ont traité la crise comme s'il s'agissait d'une crise de liquidité, mais l'idée que certains pays rencontrent des problèmes de solvabilité n'est plus officiellement taboue », explique René Defossez, stratégiste taux chez Natixis.
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