Le cas grec force l'Eurogroupe à prendre un tournant

Une crise peut faire des miracles, y compris celui de transformer un club de ministres cultivant le secret en caisse de résonance du débat économique. Les ministres des Finances de la zone euro réunis lundi soir à Bruxelles n'auront pas pu éluder la question des équilibres - et déséquilibres - entre économies européennes. Le juste dosage entre concurrence et coopération entre la France et l'Allemagne, deux poids lourd de l'eurozone, est devenue une question centrale pour élaborer une gouvernance économique européenne.de la possibilité aux modalitésC'est un changement majeur. Pendant dix ans, les ministres de la zone euro se sont vus pour se pâmer sur le succès de l'euro, avec autant d'objectivité que des parents penchés sur le berceau de leur rejeton. La confidentialité de leurs entretiens, défendue parce que garante de franchise donc d'efficacité, a moins permis de laver son linge sale en famille que de le pousser sous le lit. C'est ainsi que la mauvaise gestion de la Grèce a pu perdurer jusqu'à ce que les marchés la mettent dans une situation intenable.De la réunion, on n'attendait ni décision définitive ni annonce tonitruante sur l'aide à Athènes, mais la confirmation que Berlin est prêt à participer à un exercice de sauvetage. « Que même l'Allemagne évolue vers un tel paquet d'aide financière pour la Grèce est incroyable », estime l'économiste Jürgen Matthes, de l'institut IW.En quelques semaines, le débat a glissé de la possibilité aux modalités d'un soutien, lequel s'élèverait entre 20 et 25 milliards d'euros. L'idée d'un recours au FMI a été écartée alors même qu'« elle est plus dans l'esprit des traités », estime Jürgen Matthes. La clause dite de « non-bail out », qui interdisait de secourir financièrement un État de la zone euro, a perdu de son mordant et s'est trouvée contrebalancée par une autre autorisant une intervention en cas de « circonstances exceptionnelles ». « À partir du moment où la volonté politique est là, vous trouvez la solution juridique », commente une source européenne.Yann-Antony Noghès, à Bruxelle
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