Le Front national revient hanter le quinquennat

Il y a quelques mois, le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, affirmait qu'il commencerait à s'inquiéter pour l'avenir électoral de son camp le jour où « les terres de l'Est » bouderaient la majorité. C'est à Charleville-Mézières, au coeur de la région Champagne-Ardenne, que Nicolas Sarkozy avait prononcé en décembre 2006 son discours pour « la France qui souffre ». « Je sais que vous vous êtes souvent sentis trahis. Je ne vous trahirai pas. Je ne vous mentirai pas. Je ne vous abandonnerai pas », avait lancé le candidat UMP à la présidentielle dans ce discours fondateur du « sarkozysme », cette doctrine fondée sur la réconciliation espérée entre la droite républicaine et un électorat populaire souvent tenté par l'abstention et les votes extrêmes. En 2007, le pari de Nicolas Sarkozy avait réussi, l'UMP avait profondément siphonné les voix du Front national. Depuis la présidentielle, l'extrême droite était restée dans les basses eaux, aux municipales de 2008 comme aux européennes de 2009. Ce qui avait permis au chef de l'état de conserver le « socle d'or » des 31 % de voix obtenues au premier tour de la présidentielle. Mais, dimanche, au premier tour des élections régionales, le FN a connu un net regain, qui, bien plus que le réveil du Parti socialiste, constitue le signal d'alarme le plus sérieux pour Nicolas Sarkozy, à deux ans de la prochaine campagne présidentielle. La stratégie d'union de la droite dès le premier tour a subi un coup d'arrêt, ce qui va sans nul doute réveiller les ambitions des « présidentiables » de la droite, de Dominique de Villepin à Jean-François Copé... en passant par François Fillon.Ce retour du FN ne s'effectue pas seulement dans les deux régions, Provence-Alpes Côte d'Azur et Nord-Pas-de-Calais, où Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine étaient candidats. Dans dix autres régions, dont les « terres de l'Est » chères au coeur de Xavier Bertrand, le parti d'extrême droite franchit la barre des 10 %. En Champagne-Ardenne, le candidat frontiste Bruno Subtil, atteint 15,89 % des suffrages. En Lorraine, la liste FN obtient 14,87 % des voix. En Alsace, l'extrême droite a séduit 13,49 % des électeurs. Marine Le Pen a affirmé lundi que le FN se maintiendrait dans « les douze régions » dans lesquelles il peut participer au second tour. Le parti d'extrême droite retrouve ainsi sa capacité de nuisance à l'encontre de l'UMP. « Nous ne nous vendrons à personne, nous sommes là pour nous opposer au pacte UMP-PS », a-t-elle dit sur France Info. L'UMP pris en étauPendant toute la campagne des régionales, Jean-Marie Le Pen et son héritière ont réussi à prendre l'UMP en étau sur les questions d'immigration, portées par le président du FN, et les questions sociales, défendues par sa vice-présidente. Pour Jean-Marie Le Pen, le débat sur l'identité nationale lancé par Nicolas Sarkozy et le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, éric Besson, pour contenir une poussée de l'extrême droite a plutôt « bénéfici頻 au FN « puisque c'est le parti national ». Une hypothèse rejetée par éric Besson, qui a estimé que c'était « même l'inverse » parce qu'aux régionales de 2004, le FN avait obtenu 16 % des voix et provoqué 17 triangulaires. Hélène Fontanaud
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