« Il faut un cap, une cohérence, une équité, bref tout ce qui manque aujourd'hui »

françois hollande, député ps de corrèzeSi les résultats du premier tour sont confirmés, voire amplifiés au second tour, quelles leçons doit en tirer Nicolas Sarkozy ?Faisons d'abord en sorte que le second tour, avec une participation plus élevée, confirme, voire amplifie le sens du premier. Et évitons de tirer les conclusions d'un scrutin qui n'a pas donné encore toute sa vérité. Mais d'ores et déjà, le président ne peut plus en rester à sa ligne de communication, qui réduirait la consultation des Français à un simple enjeu local, sans conséquences nationales. L'ampleur de la sanction révélée à la fois par le vote pour la gauche mais aussi par l'abstention, sans oublier la remontée du Front national, conduisent nécessairement le chef de l'Etat à comprendre que sa personne comme sa politique a été un enjeu du scrutin.Quels sont les points de sa politique qu'il devrait modifier ou infléchir pour répondre notamment à l'abstention et au regain du FN ? Ce que les Français attendent, ce n'est pas un remaniement, ou alors il devrait concerner le chef de l'Etat lui-même, mais plutôt une compréhension, une reconnaissance, une prise en compte. Le pays ne voit pas en effet la direction choisie, il souffre des conséquences de la crise et met en cause l'injustice des décisions prises depuis trois ans. Alors il faut un cap, une stabilité, une cohérence, une équité, bref tout ce qui manque aujourd'hui. Mais attention, les élections régionales, c'est un avertissement, une alerte, ce n'est pas l'élection présidentielle.Martine Aubry appelle les électeurs à « faire barrage à la droite et à l'extrême droite » en Languedoc-Roussillon, ce qui revient à appeler à voter pour Georges Frêche. Comment sortir de la crise entre socialistes dans cette région ?La prime aux présidents de région sortants a joué partout, car les bilans étaient bons et le souci de la proximité conjugué à de fortes identités régionales a fait le reste. Georges Frêche en a bénéficié. Aujourd'hui, puisque sa liste est la seule en face de celle de la droite, c'est elle qui doit avoir notre soutien. Ce qui n'enlève rien à la position que j'avais prise en 2007. [NDLR: François Hollande avait exclu le président de la région Languedoc-Roussillon du PS après ses propos sur les harkis et les joueurs noirs de l'équipe de France.]Le PS est redevenu le premier parti de France. Sa situation vous paraît-elle pour autant consolidée pour l'élection présidentielle à venir ?Il était décisif pour l'alternance que le PS retrouve sa place de premier parti de gauche. Il est même devenu le temps d'un premier tour premier parti de France, mais, soyons lucides, avec 50 % d'abstention... J'ai toujours affirmé qu'une victoire de la gauche exigeait un PS fort, mais qui ne pouvait rester seul. C'est tout l'enjeu de ce qui se construit pour ce second tour, non pas une alliance de circonstances, mais la construction d'une majorité pour demain. Ce qui conduit à avoir une direction claire, ce que le PS doit marquer, et le respect de nos partenaires, le tout dans une cohésion d'équipe.Une stratégie d'alliance qui doit être amplifiée pour la campagne présidentielle ? Chaque scrutin a sa logique, ses caractéristiques, ses fondamentaux. Les électeurs se déterminent librement, selon l'enjeu, la nature de la consultation et les personnalités concernées. Rien ne se réplique ou ne se duplique. Mais il peut y avoir une construction qui pourra préparer utilement la présidentielle. Je ne suis pas favorable à ce qu'on attende le second tour pour faire ce qui peut être accompli au premier, car autant la logique de Nicolas Sarkozy de regrouper la droite dans des élections à la proportionnelle à deux tours n'avait pas grand sens, autant la démarche qui consiste à placer au plus haut le candidat de l'UMP dès le premier tour de la présidentielle garde sa pertinence face à une gauche qui se présenterait divisée à ce scrutin. Propos recueillis par Hélène Fontanaud
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