La Fed continue à promettre des taux durablement bas

La Réserve fédérale américaine, qui tenait mardi le deuxième de ses huit conseils annuels, apparaît bien isolée sur la scène monétaire internationale. Nombre de ses homologues du G20 ont entamé un cycle de durcissement monétaire pour faire face à une inquiétante recrudescence de l'inflation, alors que Ben Bernanke, s'il a « molli » sur les risques de déflation n'est pas encore parvenu au stade où le retour de l'hydre, réel ou potentiel, lui ferait perdre son désormais légendaire flegme. Les instituts d'émission du cercle plus restreint du G7 sont, eux aussi, en passe de normaliser leurs politiques monétaires. À commencer par la Banque centrale européenne qui devrait relever de 1 % à 1,25 % son taux directeur dès son prochain conseil du 7 avril et la Banque d'Angleterre, de plus en plus tentée par un premier tour de vis monétaire.La Fed, elle, promet encore de maintenir les taux à des niveaux « exceptionnellement bas pendant une période prolongée », comme elle l'a répété mardi soir dans le communiqué final publié à l'issue de son conseil. En outre, elle est en plein exercice de QE2, l'assouplissement monétaire quantitatif bis qu'elle a mis en place en novembre et qui lui aura fait acquérir 600 milliards de dollars de titres de dette publique supplémentaires d'ici à fin juin. Même si un débat oppose les faucons et les colombes de son conseil sur l'opportunité de maintenir cette stratégie, la question se pose encore de savoir si certains d'entre eux n'ont pas dans l'idée de mettre en place un QE3 ! Trois conditionsUne chose est sûre en tout cas et le communiqué de la Fed était sans ambiguité : le QE2 sera mené à son terme. Car en dépit de prévisions de croissance révisées en hausse, dans une fourchette de 3,4 % à 3,9 % cette année, la Fed n'infléchira sa politique monétaire qu'à trois conditions qui ne sont encore que partiellement remplies : une amélioration durable du marché de l'emploi, condition préalable à un ancrage solide de la reprise économique et un taux d'inflation qui se rapproche de l'objectif implicite à long terme de 2 % que lui assigne la banque centrale de Washington. Ce que reflète encore le communiqué.Pour les économistes d'Aurel BGC, Christian Parisot et Jean-Louis Mourier, la principale difficulté rencontrée par la Fed pour normaliser sa politique monétaire, au-delà des développements macro-économiques purs, porte sur la réaction éventuelle du marché obligataire à l'annonce d'un arrêt ou d'une diminution brutale des achats d'emprunts d'État par la Fed. « D'autant que les assureurs japonais, importants détenteurs de titres d'État américains pourraient en vendre pour faire face au coût de la catastrophe ». Certains Cassandre évoquent même un risque de krach.
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