Les banques françaises renâclent à la taxe

Toute fausse manoeuvre sur le financement de l'économie aurait des conséquences graves pour la croissance et l'emploi ». C'est ainsi que le président de la Fédération bancaire française (FBF) Baudouin Prot a justifié ce jeudi face à la presse son « désaccord total » avec les différents projets de taxe visant le secteur ? « un par semaine », a-t-il ironisé. Le sujet sera d'ailleurs évoqué ce vendredi à Madrid lors du sommet Ecofin, avec l'espoir de dégager un consensus européen sur l'assiette d'imposition, au moment où le projet concurrent de taxe sur les transactions financières semble en perte de vitesse. La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, y évoquera les conclusions de la mission confiée à Jean-François Lepetit, dont l'une des 18 recommandations trace les contours d'une taxe sur les activités susceptibles de déstabiliser le système financier. Le commissaire européen au marché intérieur, Michel Barnier, présentera lui aussi une série de pistes, après avoir déclaré à Reuters que le secteur bancaire devrait « assumer ses responsabilités » dans une crise qu'il a « provoquée ». Cette analyse hérisse les banques françaises, pour qui « rien ne justifie de récupérer de l'argent » sur elles, puisque l'intervention de l'Etat ? dont certains banquiers reconnaissent en privé qu'elle a évité l'implosion du système ? s'est soldée par un gain de 2 milliards pour les finances publiques. Un argument qui fait peu de cas des conséquences budgétaires de la récession déclenchée par la crise financière... pas en «solo »La FBF met aussi en avant le risque qu'une taxe empêche les banques d'augmenter leurs fonds propres, donc leur capacité à financer l'économie, alors que la reprise reste fragile. D'autant qu'elles doivent déjà se préparer à des exigences de capital renforcées du fait de la réforme en cours du cadre prudentiel de « Bâle II ». Selon l'étude d'impact réalisée par les banques, cette réforme se traduirait, en l'état, par « la perte de plusieurs points de PIB en France ». Les banques avancent par ailleurs que la crise, en les forçant à adapter leur modèle, a durablement ramené leur rentabilité au niveau du secteur non financier. Sur le projet de taxe, la FBF rejette « a fortiori » toute initiative « en solo » de la France, voire de l'Europe. Regrettant que la France soit « la seule à appliquer pleinement les restrictions sur les bonus », Baudouin Prot, par ailleurs patron de BNP Paribas, a ainsi fustigé ce qu'il a appelé « l'approche allons-y les premiers, et on sera peut-être suivis ». nPascal SITTLER/REAMettant en garde contre le risque de « conséquences graves pour la croissance et l'emploi », Baudouin Prot, président de la Fédération bancaire française et DG de BNP Paribas, a exprimé ce jeudi son « désaccord total » avec les différents projets de taxe visant le secteur bancaire.
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