Défense : comment Bercy a embobiné François Hollande sur le budget des armées

Décidemment Bercy ne renonce jamais. Surtout quand il s\'agit de trouver des dépenses faciles à couper pour gagner sans trop de mal son combat budgétaire... au détriment du ministère de la Défense et, au-delà, d\'une vision à long terme sur les ambitions de la France dans le monde. Bref, Bercy - ou plus exactement son administration - a bel et bien repris la main lors du conseil de défense du 10 avril avec la complicité du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Pourtant, le 28 mars lors de son intervention télévisée, le président François Hollande avait tranché. Entre de nécessaires économies et les menaces pesant sur la France, le Chef de l\'Etat avait choisi de maintenir le budget de la Défense tout au long de la prochaine Loi de programmation militaire (2014-1019) au niveau de celui de 2013. Soit 31,4 milliards d\'euros par an. Un budget de 29,5 milliardsDevant les arguments de Bercy, repris d\'ailleurs dans une note lue par Jean-Marc Ayrault, qui lui aussi avait pourtant juré le 28 mars devant le Sénat que « le modèle d\'armée sera conforme aux ambitions de la France, en Europe et dans le monde », l\'Elysée est peut-être sur le point de revenir sur sa promesse de dépenser autant en 2014 qu\'en 2013 (31,4 milliards d\'euros). Avec quel tour de passe-passe, Bercy a-t-il repris la main. Devant le président, Bercy a défendu le 10 avril que le budget de la défense serait bien de 31,4 milliards d\'euros en 2014... mais en incluant 1,9 milliard d\'euros de ressources exceptionnelles, que les budgétaires appellent dans leur jargon REX. Soit un budget de 29,5 milliards d\'euros auxquels l\'Hôtel de Brienne pourrait compter sur 1,9 milliard d\'euros de REX hypothétiques. Une nuance de taille pour la défense, qui pour le coup ne se fait aucune illusion sur l\'existence de ces ressources extra-budgétaires. Ou comment François Hollande s\'est fait embobiner par Bercy et Matignon, qui ont toujours été des alliés pour réduire le budget de la défense.Bercy a bien verrouillé le débatEn fait Bercy a très bien verrouillé le débat et ce, en dépit du départ de Jérôme Cahuzac, prêt à tailler sans état d\'âme dans les dépenses de défense, et des promesses de François Hollande. Il peut compter sur l\'appui du conseiller budgétaire de Matignon et de celui de l\'Elysée pour court-circuiter la relation de confiance entre François Hollande et son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Mais que fait Bernard Cazeneuve, maire de Cherbourg, qui accueille l\'un des sites industriels les plus importants du groupe naval, DCNS ? « Il est prisonnier de Bercy, il n\'a aucune marge de manoeuvre », explique-t-on à La Tribune. Notamment du directeur de son cabinet, Amélie Verdier, et du directeur du budget, Julien Dubertret. Un très beau hold-up de cette armée de l\'ombre, qui demande toutefois confirmation.Un nouveau conseil de défenseLa défense n\'a pas encore complètement perdu son match face à Bercy. Car le conseil de défense du 10 avril, qui devait être décisif,... ne l\'a finalement pas été. Un bon point pour Jean-Yves Le Drian, qui n\'a pas l\'intention de désarmer pour faire entendre sa voix. Un prochain conseil sur le budget doit se réunir dans les jours prochains. Ce lundi, François Hollande rencontre les grands patrons de l\'industrie de la défense, inquiets sur les budgets à venir. Ils devraient rappeler au Chef de l\'Etat que cette industrie génère des emplois, des exportations et des retombées dans le civil.
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