En Chine, la crise n'est plus qu'un lointain souvenir

En annonçant officiellement jeudi une hausse de 11,9 % du PIB au premier trimestre en Chine, le Bureau national des statistiques chinois a souligné qu'il s'agissait là de la meilleure performance depuis la fin de 2007. La crise est donc effacée ! La menace de l'inflation reste contenue, à 2,2 %, inférieure à la limite maximale de 3 % fixée par le gouvernement. L'économie de la République populaire se porte donc bien, toujours tirée par les investissements (+ 26,4 %) et le plan de relance, mais aussi, et c'est là une nouveauté, par la consommation intérieure : les ventes de détails ont bondi de 18 % en mars, un niveau supérieur à la moyenne nationale de 16,3 % sur les cinq dernières années. « La consommation finale représente 52 % de la croissance au premier trimestre alors que les importations reculent de 9,9 %. Ce ne sont pas les exportations qui sortent le pays de la crise, mais la consommation », explique Andy Rothman, économiste chez CLSA, à Shanghai. Avec les difficultés liées à la crise, Pékin a clairement affiché sa volonté de ne plus dépendre des exportations pour sa croissance. Les mesures appliquées en 2009 pour stimuler le marché local portent leurs fruits, à l'exemple du secteur de l'automobile où les ventes se sont envolées de 30 % au premier trimestre.risques inflationnistesMais ces performances ne doivent pas masquer les risques inflationnistes. Ils vont resurgir au deuxième trimestre, en particulier avec la surchauffe dans le secteur de l'immobilier, véritable menace économique et sociale. Les investissements dans ce secteur ont bondi de 31,5 %. « Pour les deuxième et troisième trimestres, nous aurons une image de l'économie plus contrastée : la croissance devrait marquer le pas, l'inflation reprendre et les bulles spéculatives pousser en faveur d'une hausse des taux », explique Xianfeng Ren, analyste chez IHS Global Insight. La flambée des prix dans l'immobilier - certaines estimations avancent 60 % à 70 % dans le centre des grandes villes - est devenue le casse-tête du gouvernement. Des mesures ont déjà été prises pour calmer la surchauffe. D'autres devraient suivre, comme l'augmentation de l'acompte à verser pour l'achat. Une hausse des taux d'intérêt pourrait avoir lieu d'ici juin. Cela permettrait de limiter le crédit bancaire, juguler l'inflation et ralentir la hausse des prix de l'immobilier. Mais au regard des chiffres publiés jeudi, le relèvement des taux pourrait être modeste, car maintenir une forte croissance économique reste l'objectif du gouvernement. Quant au yuan, rien dans les statistiques ne laisse présager à un changement de politique. Mais les économistes à Pékin attendent une appréciation d'ici juin. n
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