Le dollar renvoie l'euro dans les cordes

La réconciliation entre les acteurs du marché des changes et l'euro n'aura duré que le temps d'une éclaircie sur le Parthénon, où les nuages se sont à nouveau accumulés jeudi. La monnaie unique, qui était remontée à près de 1,37 dollar après l'annonce du plan d'aide de 30 milliards d'euros mis en place par l'Union européenne, a reflué hier jusqu'à 1,3520. Les rendements grecs à dix ans, décidément d'une volatilité dissuasive pour les investisseurs, ont poussé une pointe jusqu'à 7,38 %, non loin du record absolu de 7,51 % pulvérisé en début de semaine, replaçant la crise budgétaire hellénique au coeur des préoccupations des milieux financiers. Il a suffi d'informations non confirmées pour gripper à nouveau la machine. À la rumeur d'une lettre adressée par les autorités grecques à la Commission européenne s'est ajoutée l'annonce de l'envoi d'une délégation trilatérale de responsables du FMI, de l'UE et de la BCE à Athènes lundi prochain pour étudier les modalités d'un recours de la Grèce au plan conjoint, jetant la suspicion sur la capacité du pays à continuer de se financer sur les marchés. Même si cette réaction épidermique est excessive, les besoins d'emprunts de la Grèce étant couverts jusqu'à la fin du mois, elle en dit long sur la nervosité qui s'est emparée des marchés et risque de peser durablement sur la tenue de l'euro que BNP Paribas voit retomber à 1,19 dollar d'ici à un an, au plus bas depuis mars 2006. Cette rechute risque d'être exacerbée par les différentiels conjoncturels entre la zone euro et ses partenaires. La petite phrase assassine lancée par Jürgen Stark, le chef économiste de la BCE, a enfoncé le clou : « après la crise économique et financière, nous sommes peut-être entrés dans une nouvelle phase de la crise, celle de la dette souveraine ».vigueur outre-atlantiqueIl faut dire que la vigueur du redémarrage se confirme jour après jour outre-Atlantique, redorant le blason du dollar au détriment de l'euro, monnaie d'une zone où la reprise est nettement moins robuste. Si la production industrielle américaine a déçu, avec une maigre hausse de 0,1 % en mars, le taux d'utilisation des capacités productives a continué à remonter, atteignant 73,2 %, dans un contexte où la consommation reste dynamique (les ventes au détail ont bondi de 1,6 % le mois dernier) et où la conjoncture s'améliore dans onze des douze districts supervisés par la Fed, comme l'a confirmé son Livre beige. Enfin, l'épargne étrangère afflue à nouveau vers les États-Unis, les flux nets de capitaux à long terme ayant atteint 47,1 milliards de dollars en février contre 15 milliards en janvier. nInfographie1cols 60mm
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