L'OMS invente l'alerte sanitaire perpétuelle

À l'heure de la mondialisation, il est souhaitable que, face à un nouveau virus, les États coordonnent la protection de leurs populations. Il est logique que l'organisation mondiale qu'ils ont créée, l'OMS, soit chargée d'élaborer une stratégie commune de réponse à toute menace épidémique émergente, y compris les pandémies grippales. Mais une stratégie internationale de gestion d'une affection émergente doit être bâtie sur une définition précise et stable de l'épidémie à combattre. Qu'en est-il pour la pandémie virale ?Le 24 avril 2009, jour de « l'alerte sanitaire mondiale » proclamée par l'OMS, 15 cas de grippe étaient attribués au H1N1 type A. Le directeur du CDC (Centre de surveillance des maladies infectieuses aux États-Unis), Richard Besser, déclarait alors : « Nous allons expertiser le nouveau virus selon trois dimensions : est-il nouveau pour la population ? Cause-t-il des affections sévères ? Est-il aisément transmissible ? » Le 11 juin, le directeur général de l'OMS, Margaret Chan, déclenchait la phase 6 de la pandémie, alors que 144 décès étaient attribués à la grippe A dans le monde. Que s'est-il passé??Avant le 4 mai 2009, le site de l'OMS indiquait?: « Une pandémie de grippe se produit lorsque apparaît un nouveau sous-type de virus dont personne n'est à l'abri. Plusieurs épidémies peuvent se déclarer simultanément dans le monde, provoquant un grand nombre de cas et de décès. » Après le 4 mai 2009, sur le même site, les notions de morbidité et de mortalité ont disparu. La pandémie n'aurait pu être déclarée sans ce changement de définition.En clair, l'OMS a modifié les règles du jeu en cours de partie ! C'est au bout d'une longue maturation que ce changement a été effectué. Les efforts des firmes productrices de vaccins et de certains experts n'y ont toutefois pas manqué ! En témoigne l'examen du compte rendu de la réunion regroupant OMS, agences et firmes à Genève les 11 et 12 novembre 2004, ou celui de l'assemblée de l'ESWI, financée par l'industrie et présidée par le très contesté professeur Osterhaus, réunie en janvier 2009 à Bruxelles.Malgré la nouvelle définition, le site de l'OMS continue à renvoyer à des recommandations basées sur des prévisions très alarmistes, relayées dans les différents pays. En France, le professeur Flahaut affiche ainsi, le 12 mai 2009, la « prévision modérée » de 30.000 décès. Plus tard, le très officiel Institut de veille sanitaire (INVS) livre en septembre des fourchettes d'évaluation actualisées, allant de 6.400 décès dans le scénario le plus optimiste, à 96.000 décès dans le plus pessimiste, avec 640 à 4.800 décès pour les enfants de 0 à 4 ans... À cette date étaient pourtant connues de nombreuses données provenant de pays ayant connu le pic pandémique, notamment l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les pays d'Amérique latine. Les publics vulnérables étaient identifiés, la faible létalité du virus documentée.Des stratégies de réponse aux pandémies basées sur des prévisions catastrophistes ne peuvent qu'éroder la confiance des populations et des professionnels de santé, surtout si la communication publique y contribue fortement. Ainsi Thierry Saussez, responsable de la communication gouvernementale, a-t-il indiqué à la commission d'enquête de l'Assemblée nationale que, face à une menace, il fallait partir des prévisions les plus graves... Les hautes capacités des réseaux d'alerte dispersés dans le monde donnent désormais des informations extrêmement précoces : le 24 avril, lorsque l'OMS déclare une « urgence de santé publique de portée internationale », quelques dizaines de syndromes grippaux sans aucun décès sont attribués au H1N1. À identification très précoce devrait désormais correspondre capacités d'adaptation et de souplesse des plans de gestion de crise sanitaire, en fonction de la dangerosité du virus émergent. Ce n'est pas la voie choisie par l'OMS, appuyée par les avis des experts sélectionnés par l'industrie du vaccin. En retirant le 4 mai la dimension de morbidité-mortalité du phasage de la mise en oeuvre de sa stratégie, l'OMS nous condamne à l'« alerte sanitaire mondiale » à perpétuité...Point de vue Gérard Bapt Député, membre de la commission d'enquête sur la grippe A.
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