En France, la politique du Grenelle est devenue moins prioritaire

Le mot serait-il devenu tabou ? En une heure d'interview sur France 2, lundi soir, le président de la République n'a pas prononcé une seule fois le mot « écologie ». Même si, à aucun moment, le journaliste David Pujadas ne l'a lancé sur ce thème, on avait connu Nicolas Sarkozy plus prolixe sur ces sujets. Rares furent les discours des deux premières années de son quinquennat dont la thématique environnementale a été absente. Il convenait alors de marquer « la rupture » en la matière, et d'engranger les bénéfices du Grenelle de l'environnement.Cette soudaine mise au placard des sujets « écolos » ne peut que surprendre chez celui qui, le 6 juin 2009, à l'occasion de l'anniversaire du débarquement allié en Normandie, s'interrogeait, aux côtés de Barack Obama et de Gordon Brown, sur l'avenir du monde « si le réchauffement climatique privait d'eau et de nourriture des centaines de millions d'hommes ». C'est d'autant plus surprenant que le gouvernement affiche à son bilan le Grenelle de l'environnement et les deux lois qui en ont découlé. Jusqu'au fatidique Salon de l'agriculture de mars 2010, au cours duquel le chef de l'État a abruptement déclaré : « Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d'environnement, parce que, là aussi, ça commence à bien faire... », aucun gouvernement n'avait mis autant en avant les sujets environnementaux.Mais l'omission de Nicolas Sarkozy dans son intervention de lundi n'est sans doute pas une erreur. Au contraire, le passage sous silence de son action verte ne fait que confirmer le virage politique entamé quelques jours avant les élections régionales des 14 et 21 mars et que les Verts qualifient de « régression écologique ». Nicolas Sarkozy et l'UMP peuvent en effet estimer que le bénéfice de leur politique écologique est plus que limité. Contrairement à leurs attentes, la majorité n'a engrangé aucun bénéfice électoral : les élections régionales ont plus profité aux Verts et à leurs alliés socialistes qu'à la droite. Sensibles aux thèmes de l'environnement, les électeurs ont sans doute in fine préféré « l'original » à la « copie ». Pis, la politique du Grenelle a contribué à élargir le fossé avec l'électorat traditionnel de la droite, en particulier les agriculteurs ou encore les entreprises du secteur des transports, très hostiles à des mesures comme la taxe carbone ou l'écotaxe poids lourds. Enfin, Nicolas Sarkozy ne doit pas juger opportun de parler écologie au moment où, dans les couloirs de Bercy, on réfléchit, dans le cadre de la réduction des dépenses publiques, à abaisser fortement les aides afférentes au développement des énergies renouvelables et aux économies d'énergie. Rémy J
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