Allemagne : quand l'élève modèle doute

L'Allemagne se veut un modèle en matière d'environnement. Selon le rapport remis à Bruxelles début juillet, les sources « vertes » d'énergie devraient représenter, en 2020, 19,6 % du total de la production nationale, contre 5,8 % en 2005. Le gouvernement fédéral est très sensible à ces problématiques. Il a lancé un plan en faveur des automobiles électriques et s'est efforcé, à la différence de plusieurs pays voisins, de donner une coloration verte à son plan de rigueur présenté en juin. Aussi envisage-t-on de créer un « impôt sur le combustible nucléaire » de 2,3 milliards d'euros par an pour financer l'assainissement du centre de stockage de déchets nucléaires à Asse, en Basse-Saxe. De même, une taxe « écologique » sur le trafic aérien rapportera 1 milliard d'euros par an et la suppression de plusieurs exemptions à la « taxe carbone » (notamment sur les industries gourmandes en énergie) fera entrer 1,5 milliard d'euros dans les caisses de l'État.Mais des tensions apparaissent au sein de la coalition gouvernementale. Très industrialisée, disposant de plusieurs géants de l'énergie, l'Allemagne veut éviter de ruiner sa compétitivité par des mesures trop agressives. Le ministre de l'Environnement, Norbert Röttgen, membre de la CDU d'Angela Merkel, ferraille souvent avec le ministre de l'Économie, le libéral Rainer Brüderle, mais aussi à l'intérieur de son propre parti. À la fureur des industriels du secteur, Norbert Röttgen entend réduire les subventions à l'énergie solaire, jugeant que leur niveau élevé nuit à l'innovation. Mais le sujet le plus délicat concerne le nucléaire. N'ayant pas voulu revenir sur la sortie de l'atome décidée en 1999 par Gerhard Schröder, le gouvernement souhaiterait allonger de la durée de vie des centrales en attendant des énergies renouvelables plus efficaces. Mais il bute sur les modalités. Doit-on faire payer les énergéticiens qui vont profiter de durée de vie des centrales?? Et si oui, comment et de combien?? Norbert Röttgen a proposé des « enchères », mais Angela Merkel n'en veut pas. Cette dernière devrait trancher d'ici à l'automne, lorsque sera présenté un « concept énergétique national » dont la mise au point s'annonce difficile. Romaric Godin, à Francfort
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