Yinka Shonibare, « mon travail parle du rapport de classes »

Surtout ne pas oublier le titre après le nom. Yinka Shonibare, MBE pour Member of the British Empire. Il veut tout dire. Né à Londres en 1962 de parents nigérians, élevé à Lagos, étudiant au célèbre Central Saint Martins College, Shonibare croise dans ses tableaux, photos et sculptures le passé du Royaume-Uni et du Nigeria pour sonder l'identité et la mémoire communes aux deux pays. Avec un humour jubilatoire. Comme dans cette photo où il met en scène l'aristocratie victorienne drapée de pagnes en wax. Après avoir exposé dans les plus grandes institutions, il s'installe cet été au Nouveau Musée National de Monaco (NMNM) pour un projet passionnant. Que représentait Monaco pour vous, avant cette exposition ?Beaucoup d'argent, pas d'impôts à payer, un casino et le Grand prix de Formule Un. Bref, l'opulence. Une fois sur place j'ai découvert que la culture était également très présente à Monaco.Comment vous êtes-vous retrouvé à exposer sur le Rocher ?C'est le Nouveau Musée National de Monaco qui m'a approché. A première vue, je n'ai rien en commun avec la principauté. Sauf que mon travail porte en partie sur les rapports de classes. Le NMNM m'est alors apparu comme l'endroit naturel où montrer mes oeuvres. L'équipe du musée m'a proposé de choisir des oeuvres au sein de sa collection (qui raconte le passé culturel et artistique de la principauté) pour les confronter aux miennes. Qu'est-ce que les pièces de ces collections vous ont inspirées ?Il y a là quelque chose de fascinant. Car ces collections ne ressemblent en rien aux ensembles d'art contemporain conventionnels habituellement abrités dans les musées. Elles regorgent aux contraires de costumes, de décors, qui ont vécu et servi à créer un monde imaginaire. Cela entre en résonnance avec l'aspect théâtral de mon travail. J'ai moi-même réalisé pas mal de costumes pour mes photos. Mon interprétation du « Radeau de la Méduse » converse avec la maquette de décor imaginée par Alphonse Visconti (pour l'opéra de Meyerbeer « L'Africaine » mise en scène à Monaco par Raoul Gunsbourg en 1905, NDLR). La connexion s'est souvent faite très vite. Au point où l'on pourrait croire que mes oeuvres ont été créées pour cette exposition. On dit que vous serez bientôt le commissaire d'une autre exposition au Musée d'Israël à Jérusalem ...Oui, je vais là encore puiser dans les collections du musée riches d'oeuvres exceptionnelles datant de la préhistoire à nos jours, venues du monde entier. Il y a beaucoup de questions politiques et culturelles qui se posent en Israël. Construire une exposition permet d'engager un dialogue avec le pays. Propos recueillis par Y. Y.
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