Le béton, matériau du XXème siècle, sera plus que jamais celui du XXIème », a assuré hier Emmanuel Haag, président du Syndicat national du béton prêt à l'emploi (SNBPE). Soucieux de « remettre en cause les idées reçues » sur ce matériau, il annonce une « grande campagne pour faire valoir les atouts » du béton prêt à l'emploi [sorte de pierre liquide transportée dans les camions toupie, Ndlr], notamment « en matière d'habitat écologique ». Les fabricants de « blocs béton », autrement dit de parpaings, réunis au sein de Blocalians, s'étaient eux aussi investis il y a quelques années dans une campagne similaire et n'hésitent pas à affirmer sur Internet que « le système constructif bloc béton a le plus faible des impacts sur l'environnement ». Mais ces argumentaires ont leurs limites. Ainsi, le SNBPE fait valoir que les émissions de CO2 d'un bâtiment sont liées pour 92 % à son usage et pour seulement 6 % à sa construction. Il met aussi en avant le fait que le béton utilise des matières premières produites localement, transportées sur des distances courtes, en raison du grand nombre de centrales à béton en France, alors qu'il n'existe, de même source, qu'une dizaine d'usines de briques et que le bois est souvent importé.Mais le SNBPE comme Blocalians oublient de dire que le béton est un matériau composite fabriqué à partir de granulats (sable, gravillons), agglomérés par du ciment. Or la production d'une tonne de ciment libère 860 kg de CO2, dont 60 % viennent du calcaire et 40 % des combustibles fossiles. « Blocalians affirme que la production d'un bloc béton ne génère que 106 g de CO2, or, d'après nos estimations, les seuls 7 % de ciment contenus dans le bloc béton représentent à eux seuls 107 g de CO2 », relève Julie Delcroix, chargée de programme urbanisme et habitat durable au WWF.Le SNBPE souligne à juste titre l'inertie thermique du béton, autrement dit sa faculté à stocker des calories et à les restituer. Il affirme aussi que le béton adjoint à un isolant comme la laine de verre génère 30 % de CO2 de moins que la terre cuite monomur. Blocalians compare, lui, directement l'énergie nécessaire à la production du bloc béton avec celle de la terre cuite monomur, « or ces deux matériaux ne sont pas comparables en tant que tels, car ils ne présentent pas les mêmes propriétés, martèle Julie Delcroix : le bloc béton n'a aucun pouvoir isolant, à l'inverse de la terre cuite monomur qui présente en son sein des alvéoles ». En outre, poursuit-elle, « le bloc béton doublé d'une isolation intérieure ne fait plus profiter de son inertie thermique l'intérieur du bâtiment, contrairement au monomur, et ne laisse pas bien passer la vapeur d'eau, ce qui, dans les maisons mal ventilées, conduit à des problèmes de moisissures et d'humidit頻.Une chose est sûre : la lutte contre le changement climatique impose de réduire les déperditions des bâtiments, secteur qui représente 42 % de l'énergie consommée en France et 25 % des émissions de gaz à effet de serre. Dans ce cadre, tous les matériaux, le béton, le ciment, mais aussi l'acier, la terre cuite monomur ou le bois ont leur place. Et il semble vain de vouloir ainsi les opposer entre eux. n Infographie3cols x 95 mm

latribune.fr

17 Sept 2009, 1:46

Partager :