Le yuan s'invite dans le débat électoral américain

Franchement, ils ont laissé leur devise très très peu évoluer jusqu'à présent », déplorait, à propos du pouvoir chinois, le secrétaire d'État américain au Trésor, Tim Geithner dans un entretien au Wall Street Journal. « La Chine a franchi une étape importante en juin (ndlr juste avant le G20) en signalant qu'elle allait laisser le taux de change commencer à refléter les forces du marché. Ils n'en sont qu'au début du processus, mais nous aimerions les voir progresser plus vite. » Alors qu'il est auditionné ce jeudi par le Comité des voies et des moyens de la Chambre des représentants et par le comité bancaire du Sénat, Tim Geithner, jusqu'alors plutôt mesuré sur ce dossier, veut faire preuve de souplesse face aux élus du Congrès qui menacent toujours de sanctionner Pékin. Pour nombre d'entre eux, en effet, la croissance continue et significative des exportations chinoises milite en faveur de l'appréciation du yuan. Et à l'approche des élections législatives qui se tiendront le 2 novembre, le sujet prend une dimension politique, les élus républicains pouvant s'en emparer pour critiquer le bilan à mi-parcours du mandat du président Barack Obama. « Stratégie chinoise »Vu de Pékin, les récents mouvements d'appréciation de la monnaie chinoise (+ 0,9 % depuis le début du mois) sont une preuve de sa bonne volonté, même si jusqu'à vendredi dernier, le yuan avait à peine gagné 0,5 % au cours des trois derniers mois. « La stratégie chinoise consistant à lâcher du lest quand les critiques deviennent trop fortes a fonctionné pour le moment », explique Mark Williams, économiste à Londres chez Capital Economics. « Il est difficile pour la banque centrale chinoise de convaincre certains sceptiques en Chine du bien fondé d'une réévaluation de la monnaie alors que, de leur point de vue, la demande mondiale reste faible », poursuit-il. Le ministère du Commerce chinois qui milite activement contre toute hausse qui pourrait affecter ses exportateurs a encore fait savoir mercredi par la voix de son porte-parole qu'il ne fallait pas accuser le yuan d'être responsable de l'excédent commercial avec les États-Unis. Selon les chiffres du département du Commerce américain publiés cette semaine, même si le déficit commercial avec la Chine, son deuxième partenaire, a légèrement décru en juillet il s'élève encore à 26 milliards de dollars (20 milliards d'euros). D'ici la fin de l'année, le consensus des analystes table sur une appréciation du yuan face au dollar comprise entre 1 % et 2 %. Un petit pas. Et en dépit de la prise de position de Timothy Geithner, nul signe d'un durcissement, pour l'heure, de la part de l'administration Obama. Au contraire, comme en témoigne le récent voyage à Pékin, de Larry Summers, le patron du Conseil économique national américain, dont l'objectif était d'accroître les relations sino-américaines.
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