Les syndicats britanniques boudent Gordon Brown

Royaume-UniTout juste polis, les applaudissements étaient rares et distants. À l'exception de quelques promesses sur le salaire minimum (« il augmentera chaque année », affirme Gordon Brown) et l'extension des congés de paternité, les syndicalistes ont réservé un accueil glacial au discours du Premier ministre britannique hier, lors du congrès annuel du Trade Union Congress (TUC), le principal rassemblement syndical. Sur le côté, quelques dizaines de délégués syndicaux ont même tenu une courte manifestation à la fin du discours.La fraîcheur du TUC reflète bien le problème politique de Gordon Brown. Cocréateur du concept de « New Labour », l'actuel Premier ministre n'est guère proche des syndicalistes, même si ses relations sont légèrement plus amicales que celles qu'entretenait Tony Blair. Mais à huit mois des élections législatives, Gordon Brown a besoin de leur soutien. situation critiqueC'est vrai politiquement, les sondages indiquant qu'une partie de l'électorat habituel des travaillistes choisit l'abstention. Mais c'est encore plus vrai financièrement. Le Parti travailliste a été créé au début du XXe siècle comme une branche politique des syndicats. Aujourd'hui, entre deux tiers et trois quarts de son financement, suivant les années, viennent de donations des syndicats. La baisse des travaillistes dans les sondages a fait empirer la situation, les donateurs privés préférant se rapprocher des conservateurs.Pourtant, il est hors de question pour Gordon Brown de soudain virer à gauche. Le « New Labour » a réussi en séduisant les classes moyennes. Hier, le leader britannique a donc utilisé son discours pour aller une nouvelle fois à rebrousse-poil : pour la première fois, il a prononcé le mot de « coupes » pour le futur budget de l'État. « Les travaillistes couperont les coûts, les inefficacités, les programmes inutiles et les budgets moins prioritaires. »Gordon Brown répondait ainsi aux conservateurs, qui l'accusent d'être un dépensier irresponsable, alors que le déficit va atteindre 12 % du PIB cette année. « Nous réduirons notre déficit de moitié en quatre ans », promet-il. Conservateurs et travaillistes se trouvent donc quasiment sur la même ligne électorale : ils promettent des réductions budgétaires, tout en garantissant de ne pas toucher à la santé et à l'éducation.Évidemment, un tel discours n'a pas plu à Liverpool, où se tenait le congrès du TUC. « Tenter de séduire les classes moyennes et la presse tabloïd est irresponsable », s'emporte Mark Serwotka, le secrétaire général du PCS, l'un des syndicats les plus à gauche.Éric Albert, à Londres
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