Penser l'Europe comme une affaire intérieure

Aller plus loin dans l\'intégration ou sortir ? De sondages en enquêtes, la tendance se confirme, nous ne savons plus vraiment ce que veulent la France et les Français de l\'Europe. Il n\'y a pas de trahison historique du peuple. Il y a surtout un peuple laissé sans repère, sans vision, sans détermination. Le premier d\'entre nous, le Président de la République ne dit rien. Il incarne, malgré lui peut-être, l\'Europe à reculons. François Hollande n\'a pas ledroit de demeurer aussi discret sur son véritable projet européen. On peut le juger tactiquement habile, il en devient stratégiquement irresponsable.Il est pourtant trop tard pour revenir en arrière. Il faut aller plus vite et surtout penser plus loin. Les Allemands nous lancent un appel à un renforcement de l\'union politique. Ils prennent l\'initiative, ils parlent. Bloqués par le débat sur le pacte budgétaire, cet appel reste sans réponse. Mieux, il n\'est pas pensé. Quelle est notre doctrine ? Avons-nous une véritable stratégie européenne ? Comment défendons-nous nos intérêts ?Pas de stratégiée européenne globaleLe mal est profond. Entre langue de bois et incantations, nous ne pensons pas et ne déployons pas de stratégie européenne globale. L\'Allemagne si. De la présence massive et déterminée de ses Land à Bruxelles, en passant par sa capacité à déterminer une position allemande sur quasiment tous les sujets en débat, l\'énergie déployée à occuper tous les espaces disponibles au coeur des institutions, jusqu\'à l\'appel de sa Chancelière à plus d\'intégration politique, l\'Allemagne pense l\'Europe comme s\'il s\'agissait des affaires allemandes.Dire enfin la réalité aux FrançaisEt c\'est vrai, les affaires européennes sont des affaires intérieures et depuis longtemps. Il est temps de réagir. Il ne faut pas tenter de tricher avec l\'opinion. Il faut dire aux français la réalité : pas de politique, pas de norme communautaire qui n\'a été débattue et négociée par les représentants français à Bruxelles et ainsi approuvée par la France. 80 % de notre droit est européen. Ca n\'est pas une menace, c\'est une chance à condition de peser de toute notre force pour qu\'il nous soit favorable. Il ne faut pas en avoir peur, l\'Allemagne est là encore un bon exemple. Elle défend ses intérêts comme le Land de Bavière défend les siens à Berlin ou à Bruxelles. C\'est une culture qu\'il nous faut intégrer au plus vite. Notre avenir dépend en fait de notre place au sein de l\'Europe et de la place de l\'Europe dans le Monde. Et l\'Europe a changé, regardons la en face. Nous sommes 27 dans une Maison conçue pour 6 ! La France n\'est plus seule à la tête du projet européen. Y-est-elle encore vraiment ?RéorganisationLe ministère des Affaires dites Européennes a davantage sa place auprès du Premier des ministres qu\'auprès du Quai d\'Orsay. Avec la progression continue des domaines de compétence de l\'Union et l\'extension corolaire de la norme européenne. Le caractère à la fois holistique et stratégique des matières couvertes exige une coordination interministérielle et une capacité d\'arbitrage politique au plus haut niveau. Malgré une compétence et un travail exceptionnels, ni le Secrétaire Général aux affaires européennes malgré son rattachement au premier ministre, ni notre ministre des Affaires Européennes, ni notre Représentation Permanente à Bruxelles ne disposent, en fait, des pouvoirs, de l\'autorité, voire même de l\'influence pour arbitrer les divergences légitimes entre ministères et au delà de l\'ensemble des parties prenantes françaises ayant à défendre des intérêts particuliers auprès de l\'Union.
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