« Le financement de l'immatériel, la grande lacune française »

Contrairement à nos voisins américains, asiatiques et anglo-saxons, en France les entreprises doivent faire face au manque de culture de l’immatériel au sein de nos différentes filières de financement et d’aide à l’export.Après avoir vu disparaitre les subventions en « ex » (AREX, ARIMEX, etc) rayées de la carte par le gouvernement précédent, et ne disposant que d’un timide Crédit d’Impôt Export, les PME exportatrices ont fort heureusement continué à bénéficier du soutien expérimenté d’organismes tels que la Coface, Ubifrance, ou OSEO, partenaires avisés et pleinement conscients, dans la durée, de leur mission au service du développement international des PME françaises. Les Voyages Export organisés sous l’égide des différents Ministères qui accompagnent les PME au quotidien permettent par exemple de prospecter des marchés étrangers et de vérifier l’intérêt d’y intensifier ses opérations et d’y ouvrir peut-être une future filiale.Des miettes pour les start-up Pour autant, ces financements demeurent de la dette pour les PME et peuvent en obérer la capacité d’endettement pour la suite de leur développement. Où trouver alors des fonds propres pérennes pour la PME innovante et exportatrice ?En France, la réponse déçoit à la mesure des espoirs que suscite chaque projet d’économie numérique. Plus encore aujourd’hui que jamais et a fortiori lorsqu’on évoque un projet « intangible » de TIC, investisseurs, publics comme privés, se font rares, discrets ou évasifs. Leur perception du potentiel de croissance demeure très en retard en ce qui concerne l’accompagnement des entreprises de l’immatériel. Au mieux, le lobbying des plus grands du numérique leur permettra de confisquer l’essentiel de la manne publique et laissera peu de miettes aux start-up de génie.Bonnet d’âne pour nos banques privées La très attendue Banque Publique d’Investissement, qui disposera d’un volet Export, saura-t-elle marquer une rupture positive en ce domaine ? Même bonnet d’âne pour nos banques privées. Aujourd’hui un dossier de demande d’aide à l’export pour une entreprise d’informatique a toutes les chances de se heurter à un comité de crédit hostile dont la culture rétrograde justifiera son refus par l’argument qu’ « il n’est pas question d’ajouter du risque (l’export) au risque (l’immatériel) !».Pour combien de temps, en France, continuera-t-on d’attribuer plus de crédit aux business qui se « touchent » ou qui se « voient » qu’aux entreprises qui programment, optimisent machines et processus, stockent et échangent des données vertigineuses, virtualisent la réalité à coup de logiciels et d’algorithmes toujours plus sophistiqués ?Patriotisme économique ? Paradoxe ou source d’inquiétude, les talents et le potentiel de nos PME de l’innovation numérique, sont bien mieux détectés, perçus et accueillis aux États-Unis ou en Asie que dans notre vieille France. Même s’il sera souvent trop tard pour le jeune entrepreneur de réaliser les arrières pensées intrusives, confiscatoires ou prédatrices de certains fonds étrangers, pourra-t-on après coup lui faire le procès de son manque de patriotisme économique ? Dans le contexte actuel, c’est aujourd’hui que nos PME innovantes et exportatrices attendent cette petite révolution culturelle qui leur procurerait un signe concret de confiance les moyens de leurs ambitions.  
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