Les électriciens ont mangé leur pain blanc en Europe

L'ampleur de l'impact de la crise économique sur les électriciens et les gaziers européens a été une surprise », affirme Colette Lewiner, responsable du secteur énergie chez Capgemini. Si les fournisseurs d'énergie ont réagi rapidement à coups de cessions, d'augmentations de capital et de reports d'investissements, ils devront, sur le long terme, engager de profondes modifications de leur modèle économique, selon la 11e édition de l'Observatoire européen des marchés de l'énergie que publie aujourd'hui Capgemini.Depuis l'automne 2008, les fournisseurs d'énergie ont subi de plein fouet des baisses historiques de la consommation, accompagnées d'un recul des prix. Pour 2009, l'Agence internationale de l'énergie attend la plus importante chute de la demande de pétrole depuis 1982 (? 1,9 % par rapport à 2008). Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, la consommation d'électricité va reculer cette année sur la planète (? 3,5 % estimés). Au premier semestre, la demande en gaz et en électricité des industriels a diminué de 10 % à 20 % (sur une base mensuelle) partout en Europe. Côté prix, dans le sillage du baril tombé de 150 dollars à 70 dollars entre juillet 2008 et septembre 2009, le prix du gaz a plongé de 32 euros à 7 euros le mégawattheure (MWh) sur la même période. Le charbon, lui, est passé de 216 euros à 70 euros la tonne. Quant à l'électricité, produite principalement en Europe avec ces combustibles, elle a chuté, sur le marché de gros, de 117 euros à 23 euros le MWh de mi-octobre 2008 à septembre 2009.Les géants européens de l'énergie, qui avaient joué la dérégulation sur le Vieux Continent en faisant de coûteuses emplettes chez leurs voisins, ont donc vu fondre leur « trésor de guerre », explique Colette Lewiner. Conséquence : EDF, E.on et Enel, par exemple, ont lancé des cessions d'actifs pour 5 milliards d'euros pour le premier, 10 milliards pour les deux autres. Les reports d'investissements (à l'exception notable de la France) se sont généralisés.plans d'économiesÀ plus long terme, ces groupes vont devoir « pousser les feux sur leurs plans d'économies internes (service client, distribution) », affirme la responsable de Capgemini. Ils pourront tirer parti des nouvelles technologies, comme les compteurs intelligents, et des nombreux départs à la retraite pour diminuer coûts et effectifs, explique-t-elle. Autoproduction et énergies renouvelables vont notamment les amener « à revoir le concept de leurs réseaux de distribution », ajoute Colette Lewiner. Enfin, électriciens et gaziers vont devoir investir pour inciter leurs clients à économiser l'énergie. « Démarche peu naturelle que les États stimulent ou rendent obligatoire, selon les pays. »
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