Merkel attaque les maillons faibles de la zone euro pour ressouder son parti

Angela Merkel s'est voulu très ferme face à ses partenaires européens au cours du 23e congrès de son parti, la CDU, ce lundi à Karlsruhe. Dans son discours d'ouverture, la chancelière a prévenu que le cas de la Grèce ne devait pas se reproduire une nouvelle fois. Elle a également défendu la politique de rigueur et de réduction de la dette publique mise en oeuvre par son gouvernement et le ministre des Finances Wolfgang Schäuble. « Nous devons d'abord réduire la dette et les déficits et ensuite nous pourrons lancer une grande réforme fiscale », a déclaré la chancelière. Selon elle, la politique de rigueur serait « impensable sans la CDU ». Elle a accusé l'opposition sociale-démocrate et verte « d'irresponsabilité » et a rappelé que c'est le gouvernement de Gerhard Schröder qui avait accepté l'entrée de la Grèce dans la zone euro. Son prédécesseur a, selon elle, réalisé ici une « faute politique ». Angela Merkel s'est donc voulu ferme, n'hésitant pas à égratigner le comportement de certains de ses partenaires européens durant la crise grecque. « Beaucoup ont dû admettre qu'un bon Européen n'était pas celui qui agit vite, mais celui qui agit intelligemment », a-t-elle affirmé tout en rappelant son attachement à l'euro et à la construction européenne. Enfin, elle a rejeté toute responsabilité de l'Allemagne dans les déséquilibres mondiaux. « Je ne laisserai jamais nous faire sanctionner parce que nous fabriquons des produits de qualité qui se vendent bien », a-t-elle martelé.Discours très polariséCes propos s'inscrivaient dans le processus de reprise en main du parti par Angela Merkel qui a décidé de flatter l'aile conservatrice de la CDU, celle qui était la plus critique à son encontre depuis la crise grecque. La chancelière a donc tenu un discours très polarisé, attaquant de front la gauche. Les Verts, la formation politique qui a actuellement le vent en poupe outre-Rhin, ont été particulièrement visés. Fustigeant les blocages et les manifestations qui ont accompagné le transport de déchets nucléaires vers Gorleben et la mise en oeuvre de la nouvelle gare « Stuttgart 21 », elle a considéré que le parti écologiste était celui qui « est toujours opposé à tout ». Elle a qualifié de « chimères » et « d'illusions » l'idée d'une alliance fédérale de la CDU avec les écologistes, estimant qu'il n'y avait d'autre alternative à la coalition de son parti avec les libéraux qu'un gouvernement où participerait les anciens communistes de Die Linke. Déterminée à défendre l'ancrage de la CDU à droite, Angela Merkel n'a cessé de donner des gages à l'aile droite du parti. Elle a ainsi insisté sur l'importance du « C », celui de « chrétien » dans le nom de sa formation, a soutenu la proposition de donner un statut officiel à la langue allemande en l'inscrivant dans la constitution et l'interdiction du diagnostic préimplantatoire pour les embryons humains. Le discours, applaudi durant une dizaine de minutes, a recueilli un franc succès parmi les délégués. « Elle s'est présentée comme une véritable chef, déterminée et ferme, c'est ce que nous voulions entendre », se réjouissait un représentant saxon qui affirme pourtant avoir « douté » du leadership de la chancelière. Du coup, Angela Merkel, réélue à la présidence de son parti avec 90,4 % des voix, peut se vanter d'avoir réalisé son unité. D'autant qu'elle en a profité pour faire nommer deux de ses ministres parmi les trois nouveaux vice-présidents. Une étape importante alors que l'année 2011 s'annonce cruciale par ses nombreux tests électoraux régionaux.
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