Des pays émergents victimes de leur succès

Si les flux de capitaux peuvent être bénéfiques, ils peuvent également être sources de risques pour les devises et les actifs. » Après la mise en garde du ministre des Finances du Brésil à Saint Andrews, le 7 novembre, puis celle des dirigeants des pays asiatiques, jeudi, à Singapour, ce fut au tour, vendredi, de Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), de relayer les craintes des pays émergents ? Brésil, Corée du Sud, et Russie en tête ? face aux effets pervers d'un afflux massif de liquidités sur leurs marchés.Illustration de cette tendance, un flux net sans précédent de 47 milliards de dollars a fondu sur les seuls marchés d'actions indien, indonésien, philippin, taïwanais et thaïlandais au cours des trois derniers trimestres. De quoi éclipser les records de 2005, année au cours de laquelle ces montants avaient atteint 33 milliards de dollars. Mais s'ils reflètent la vitalité de ces pays, et leur solidité financière après l'accumulation de réserves de change records, ces flux font aujourd'hui craindre la formation d'une « bulle » au sein de leurs marchés et une altération de leur compétitivité, du fait de l'appréciation de leur devise.Depuis le début de l'année, les dix États à avoir vu leur monnaie s'apprécier le plus face au dollar figurent dans le cercle des pays dits émergents. La hausse est de l'ordre de 14 % en moyenne. Mais le real brésilien gagne 34,4 % face au dollar, le rand sud-africain 28,4 %? Une situation pour certains difficilement tenable et qui les conduit ? pour la première fois, en tout cas pour le Brésil ? à pointer du doigt la Chine et son obstination à maintenir le yuan à un niveau artificiellement bas. Chine pointée du doigtLes pays asiatiques le disent moins frontalement, mais ils souffrent également de la moindre compétitivité de leurs exportations. « C'est une première fausse note au sein des pays émergents », souligne-t-on à la Société Généralecute; Générale, « jusqu'alors ils étaient plutôt unis pour dénoncer la faiblesse du dollar ». Face à cette situation, les banques centrales ne restent pas inactives. Surtout en Asie, où elles interviennent régulièrement sur le marché des changes. La Thaïlande a, par exemple, dû acheter 15 milliards de dollars cette année pour prévenir une trop forte envolée du baht. Les banques centrales asiatiques ne sont pas les seules. La Russie achète régulièrement des dollars, par tranche de 700 millions. L'Afrique du Sud envisage, pour sa part, de faire de même. Côté mesures plus radicales, seuls Taïwan et le Brésil ont pour l'instant sauté le pas, avec peu de succès cependant : au Brésil, la taxe de 2 % instaurée le 19 octobre sur les achats d'actions et d'obligations par les étrangers n'a pas empêché le real de gagner 1,6 % ce mois-ci. Brasilia durcira-t-elle encore le ton ?
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