La culture, un antidote pour sortir de la crise

A la création du Forum d'Avignon en 2008, le rapprochement de la culture et de l'économie apparut comme une provocation. Depuis le rôle du secteur culturel et créatif dans le développement économique et social, ses effets bénéfiques sur les territoires, et sur l'épanouissement personnel et collectif, suscite le soutien et les ambitions des gouvernements et des instances publiques nationales et européennes.Un secteur économique à forte valeur ajoutée nationale et localeLes Industries Créatives et Culturelles (ICC) représentent 1300 milliards de dollars dans le monde (près d'une fois et demi le tourisme mondial selon les chiffres de l'Unesco), environ 8 millions d'emplois directs en Europe. En France, le secteur créatif représente 43 milliards d'euros, 3,8 % des effectifs salariés, 697 000 emplois vs 225 000 dans l'automobile (2006), leur part dans les exportations françaises totales de 2009 peut varier de 0,42% selon la définition retenue à environ 5%, soit 21,74 milliards d'euros.Les études montrent qu' un euro d'investissement culturel public d'une ville se traduit par 33 euros de PIB par habitant dans la ville en question. Avec leurs effets d'entrainements significatifs, investissements culturels et productifs ne doivent pas être opposés, mais considérés comme créateurs de valeur, d'emplois et de lien social.La culture contribue à l'innovationAnnée après année, les études du Forum d'Avignon (l'analyse économétrique menée en 2011 pour le Forum d'Avignon, par le cabinet Tera Consultants à partir de la base de données constituée en 2009 et 2010 par Kurt Salmon pour son 'culture map' de 47 villes de 21 pays) comme celles de la Commission européenne convergent. « Le secteur présente d'énormes potentiels : la demande mondiale pour les contenus culturels, estimé à plus de 500 milliards de dollars (environ 355 milliards d'euros), doit être satisfaite. (...) La capacité à développer le commerce des CCI détermine dans une large mesure le succès de la promotion du dialogue interculturel et de la compréhension mutuelle. Le développement au niveau international CCI sert à la promotion de la diversité culturelle dans un monde globalisé. » A contre courant des Etats qui rognent sur leurs budgets culturels, la Commission européenne se mobilise avec le programme « Europe créative » doté de 1,8 milliard d'euros sur la période 2014-2020.Atelier et entreprise, un bouillon de culturesIls constituent le lieu par excellence de conflit entre deux dimensions qui hantent et structurent la vie artistique et la production économique : transformer un projet intellectuel et/ou production technique (manuelle, industrielle) en sens et valeur ajoutée. Créateurs et manageurs partagent un autre point commun: le risque, cette capacité d'être remis en question dans leurs moyens comme dans leurs finalités. Avec comme aiguillon à la fois sanction et prospérité, de capter un public solvable. L'économie a besoin de valoriser la créativité. Seule l'intégration de créateurs dans nos manières de produire peut réussir à maitriser les mutations technologiques et sociétales et à garder le rythme des mutations, comme le souligne l'étude Ernst& Young (Industries des Médias & de la Culture - Orchestrer le temps des créateurs, des consommateurs et de l'industrie, Ernst & Young, 2012).L'investissement culturel, créateur de valeursPlusieurs directions de travail collaboratif, notamment public et privé, sont à creuser. L'optimisation des moyens favorise une approche intégrée des territoires, à la fois par la mise en commun des compétences culturelles sur des territoires élargis pour renforcer leur attractivité et pour permettre aux villes de moins de 500 000 habitants de ne pas être pénalisées par un effet de seuil (clusters culturels transversaux). Le développement de stratégies de spécialisation/« smart specialization » au niveau territorial permet d'intégrer les investissements culturels dans le tissu scientifique, social et économique local, utilisant comme leviers les technologies numériques et les grands événements. L'évaluation - au-delà de la mesure de l'attractivité culturelle et la contribution de la culture à la performance économique - vise à privilégier la notion d'empreinte culturelle, par une mesure qualitative de l'impact des investissements culturel, comme une dimension clé de développement durable (ce que l'on transmet à nos enfants), du 'bien être' des citoyens.Investissements privés et publics se complètentDans un contexte où les financements publics dans la culture se raréfient, il faut aussi de l'anticipation et de la créativité dans de nouvelles pistes de financement, exposées notamment par le Forum d'Avignon dans ses 14 propositions 'De la créativité dans le financement de la culture'. 60 % des acteurs du secteur des industries culturelles et créatives sont des TPE. Seulement 50 % d'entre elles ont une stratégie de financement à un an et 20 % n'en ont pas du tout. L'un des nouveaux piliers du projet 'Creatrive Europe' est de faciliter le financement des jeunes pousses créatives. Paradoxalement, cette fragilité ne résulte pas d'un problème de rentabilité structurelle de ces activités, mais d'une valorisation des actifs immatériels. Il est temps de se mobiliser pour les rendre tangibles pour les consommateurs et les investisseurs.Et si on se prenait à espérer que l'investissement culturel et créatif soit considéré enfin comme le moteur nécessaire d'une Europe, consciente qu'il est l'inflexion nécessaire pour rassembler sa société civile sur un patrimoine commun à valoriser, développement et transmettre. En démultipliant ses spécificités : de l'imagination, de l'innovation et -n'oublions pas d'ajouter -du mieux être à revendre.____Pour aller plus loin...Lire les 21 études et propositions disponibles sur www.forum-avignon.org
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