Démocratiser l'art... et la Serbie

« Est-ce qu'elle donne plus que moi ? » se demande-t-elle en riant, un brin inquiète quand même, à propos d'une autre mécène. Comme de plus en plus de femmes, Madlena Zepter, originaire de Serbie, fait partie de cette communauté féminine qui, de New York à Moscou en passant par Belgrade, finance des artistes.En décembre dernier, elle a remis, le huitième « prix littéraire européen Madeleine Zepter », doté de 15.000 euros, à l'Italienne Simonetta Greggio pour « Dolce Vita » (Stock), écrit en français. Mais ce n'est qu'une infime partie des activités menées tambour battant par cette ancienne professeur de littérature et langue serbes. Car Madlena est une touche-à-tout. Aide humanitaire, bourses d'études à de jeunes scientifiques, aide aux sportifs, ouverture d'un opéra, le Madlenanium (le premier opéra privé jamais construit depuis la Seconde Guerre mondiale en Europe) à Belgrade en 1997, fondation oeuvrant pour les hôpitaux et les monuments de Belgrade, création d'une galerie d'art, d'une maison d'édition, d'une institution de vente aux enchères, soutien aux designers... tout semble retenir son attention. En quinze ans d'activité de mécénat, ce sont quelque 4,5 millions d'euros que le couple Zepter a donnés à l'aide humanitaire ainsi qu'au domaine scientifique et sportif ; plus de 23 millions d'euros pour l'opéra de Belgrade ; et enfin quelque 2,5 millions pour l'achat d'oeuvres d'artistes serbes, logées au musée Zepter, sis là aussi dans la capitale serbe. Et la famille ne fait appel à aucun autre sponsor.D'où vient l'argent ? D'une idée simple, lancée en 1980 en Autriche, où le couple a élu domicile : faire de la cuisine saine. Leur société lance des casseroles et des faitouts, puis se diversifie dans les arts de la table. Elle s'étend ensuite dans la banque, la cosmétique, l'édition partout en Europe. Aujourd'hui, la société Zepter, qui affiche un chiffre d'affaires de plus de 1 milliard d'euros, est présente dans 40 pays et possède des usines un peu partout en Europe. Si Madlena veut « rendre à la société ce qu'elle lui a donné », elle cherche surtout à « se battre contre la faiblesse de l'esprit » et se défend de faire du simple « marketing ». « En Serbie, tout ce que nous faisons est nécessaire, d'autant que je crois que l'art et la culture peuvent oeuvrer en faveur de la démocratie », explique-t-elle. Elle réfléchit maintenant à de nouveaux projets. Des échanges culturels internationaux, pour sortir son pays d'origine de son isolement et l'ancrer définitivement dans l'Europe actuelle. Des expositions d'artistes serbes. Des opéras à monter à Belgrade et dans le reste de l'Europe. La vie de Madlena ressemble à un tourbillon. À peine a-t-elle le temps de se poser à Monaco, où les Zepter vivent une partie de l'année avec leur petite fille de 10 ans. « Elle aura beaucoup à faire à l'avenir pour poursuivre les actions entreprises », conclut en souriant cette maman mécène.
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