« Augmenter les moyens du Fonds de stabilité ne sert pas à grand-chose »

STRONG>Daniel Gros, Directeur du Centre for European Policy StudiesPourquoi, selon vous, les marchés restent-ils si méfiants à l'égard de la dette souveraine en euros ? Les Etats européens ont exigé, pour aider d'autres Etats de la zone euro, d'être des créanciers prioritaires, notamment pour rassurer leurs propres opinions publiques. Les marchés ont vite compris le message : si les Etats sont des créanciers prioritaires, les investisseurs privés seront nécessairement sacrifiés. Dès lors, dès que l'Union européenne s'engage à sauver un Etat en difficulté, le marché s'empresse de sortir au plus vite, et de vendre les titres concernés. Les Etats européens se sont donc condamnés à se débrouiller sans les investisseurs privés ?Oui et le même raisonnement vaut pour les euro-obligations, qui sont aussi un financement public. Quand vous avez, comme en Grèce, une dette égale à 150 % du PIB, la partie de la dette non prioritaire n'a tout simplement plus de prix. Les euro-obligations ne pourront avoir une certaine efficacité que lorsque les Etats européens auront retrouvé un niveau de dettes soutenable. Faut-il renforcer le Fonds européen de stabilité ?Augmenter les moyens financiers mis à disposition ne sert pas à grand-chose, à moins de se substituer pour longtemps aux investisseurs privés. Mais les Etats pourraient mieux utiliser ce mécanisme. En Espagne, par exemple, on pourrait inviter les investisseurs privés à participer à la restructuration des caisses d'épargne tout en rappelant que des centaines de milliards d'euros sont disponibles pour renforcer le système bancaire. C'est l'esprit du mécanisme américain Tarp (Troubled Asset Relief Program). Ensuite, il faut faire des tests de résistance des banques vraiment crédibles, avec la menace d'une entrée de l'Etat au capital des banques qui ne satisferaient pas aux exigences prudentielles. En somme, vous recommandez un deuxième plan de sauvetage des banques ? Du système, pas des banques. C'est extrêmement important. Il faut rendre le système robuste, mais il ne faut pas sauver toutes les banques. Le problème est que, lorsqu'on parle de faire participer les investisseurs aux restructurations bancaires, c'est toujours présenté comme « Lehman ou rien ». Et naturellement personne ne veut d'un second Lehman. En réalité, il y a des solutions intermédiaires plus douces, que l'on a commencé à explorer avec les détenteurs d'obligations des banques irlandaises.Qu'attendez-vous des prochaines réunions du Conseil des ministres des Finances et du Conseil européen ?Il n'est pas impossible qu'ils apprennent... quand ils auront fait le tour de tous les autres culs-de-sac. Propos recueillis par Florence Autret
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