Ce que reproche la justice britannique à Alstom

cite>Alstom contre-attaque dans l'enquête concernant des pots-de-vin que l'entreprise aurait versés pour obtenir des contrats à l'étranger. Les deux directeurs britanniques du groupe, qui avaient été arrêtés à leur domicile le 24 mars dernier, ont porté plainte contre la justice, estimant que leur arrestation et leur remise en liberté conditionnelle étaient illégales. La justice vient de leur donner le droit de poursuivre - partiellement - leur plainte. Le président au Royaume-Uni, Stephen Burgin, s'en explique dans un entretien à « La Tribune ».Mais en agissant de la sorte, les deux directeurs ont aussi levé un coin du voile concernant les accusations qui portent contre eux. Pour se défendre, le Serious Fraud Office (SFO), l'organisme britannique qui avait commandité les arrestations, étaye ses soupçons. Les PV de la justice, révélés la semaine dernière par Bloomberg et que « La Tribune » a obtenus, dévoilent que le SFO accuse Alstom d'avoir versé « plus de 80 millions de livres » (95 millions d'euros) entre 2004 et 2010.L'enquête se concentre plus particulièrement sur une entreprise qui appartient à Alstom, Network UK Limited, par laquelle sont passés tous les paiements. Selon le SFO, c'est « l'une des cellules au sein d'Alstom utilisée comme véhicule » pour payer des pots-de-vin à l'étranger. Les pays ne sont pas précisés dans les procès-verbaux. Le SFO précise aussi avoir identifié dix entreprises d'Alstom au Royaume-Uni qui ont fait passer de l'argent à une de ses filiales suisses, Alstom Prom, elle-même soupçonnée d'avoir versé des pots-de-vin.PerquisitionsCar l'affaire démarre en Suisse. Un peu par hasard, lors d'une autre enquête, le procureur général de la confédération est tombé sur un rapport de KPMG de 2004, qui aurait indiqué des versements à des agents travaillant pour Alstom à Singapour, en Indonésie, au Venezuela et au Brésil entre 1995 et 2003. Cela a mené à des perquisitions en France en 2007, qui n'ont débouché sur rien. Puis, en 2008, la justice suisse a lancé des perquisitions dans les locaux helvétiques d'Alstom. Enfin, en 2009, elle a contacté le SFO en Grande-Bretagne, soupçonnant également des versements de pots-de-vin. C'est ainsi que le 24 mars 2010 au matin, une cinquantaine de policiers et une centaines d'agents de la SFO ont arrêté chez eux au petit matin Stephen Burgin, le président d'Alstom au Royaume-Uni, Robert Purcell, le directeur financier, et Altan Cledwyn Davies, le directeur des affaires légales. Ce dernier est décédé d'une crise cardiaque deux semaines plus tard.Pour Alstom, cette histoire ne tient pas debout. L'entreprise explique que c'est justement pour éviter la corruption qu'elle a mis en place la centralisation de tous les paiements à des consultants ou à des agents extérieurs. En Suisse, Alstom Prom AG s'occupe des versements dans les affaires d'énergie, tandis que, en Grande-Bretagne, UK Network Limited s'occupe des affaires de transport. Ce système a été mis en place « au début des années 2000 » suite au lancement d'une charte d'éthique. « Ce sont ces entités qui contrôlent et réalisent les paiements, pour éviter toute dispersion », explique le directeur de la communication d'Alstom, Patrick Bessy.
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