La sphère financière accélère le retour du pétrole vers les 100 dollars

Broom, Rannock, Etive, Ness et Tarbert préoccupent l'économie mondiale. Les cinq champs de pétrole dont l'acronyme, « brent », a donné le nom à la qualité de référence de l'huile négociée en Europe, sont aujourd'hui aussi synonymes d'un nouveau rush des marchés financiers sur le baril. Celui du brent vient de frôler les 100 dollars : il a touché 99,25 dollars vendredi pour une livraison en février. La différence de prix entre brent et WTI a atteint 8,08 dollars; il s'agit de l'écart le plus important jamais constaté depuis février 2009. « La prime du brent par rapport au WTI deviendra la norme cette année », déclarait hier Harry Tchilinguirian, responsable du pétrole chez BNP Paribas. Si seulement 1,2 million de barils de brent sont extraits de la mer du Nord chaque jour, sur un total de 88 millions dans le monde, le pétrole européen fournit pourtant un repère de prix aux deux tiers du pétrole consommé dans le monde - qu'il s'agisse de pétroles bruts ou de produits, comme l'essence ou le fioul.Disponibilités limitéesLa poussée de fièvre du marché européen par rapport à son ancêtre américain du New York Mercantile Exchange, le West Texas Intermediate, s'explique partiellement par des raisons fondamentales : l'offre de pétrole des champs norvégiens a ralenti ces derniers temps. Les disponibilités de brut en Europe sont donc limitées ; une raréfaction qui fait grimper les cours du brent. Dans le même temps, le pétrole coule à flot à Cushing, le lieu de stockage du WTI. La mise en route d'un nouveau pipe line, fin 2010, en provenance d'Alaska et à destination de la région du Midwest américain, a tendance à peser sur les capacités de stockage de la région, qui se retrouve saturée. Ce qui fait baisser le WTI. Un écart que les marchés accentuent via les marchés à terme. Selon Olivier Jakob chez Petromatrix, une des opérations les plus rentables du moment consiste en effet à parier sur cette tendance, ce qui l'accentue et pousse le prix du brent, principale référence, à la hausse. Ce qui s'est vérifié régulièrement cette semaine, durant laquelle les cours du WTI ont souvent baissé tandis que le brent grimpait, une anomalie sur le marché du pétrole. Une situation qui remet les projecteurs sur l'impact de la sphère financière sur le coût des matières premières, tant le baril à 100 dollars est accusé de peser sur le potentiel de la croissance mondiale. Pour l'économiste James Hamilton, le prix du baril en 2008 aurait favorisé le passage de l'économie américaine du simple ralentissement à la récession.
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