Emmanuel Gout, la Russie par les chemins de l'Italie

Il a travaillé dans la laine dans le Piémont, dans la télévision en Pologne et en Italie, dans le conseil et dans l'énergie en Russie. À 52 ans, Emmanuel Gout, ex-président de Telepiù (filiale transalpine de Canal Plus), est également aujourd'hui le responsable du projet de Cinecittà World, le gigantesque parc d'attractions centré autour du cinéma et qui verra le jour, au sud de Rome, l'année prochaine. Rien ne prédisposait pourtant ce gars du nord de la France à multiplier les casquettes et à arpenter, avec sa grande silhouette, l'Europe, de la Méditerranée à l'Oural. « Au début, tout a été le fruit du hasard », confie-t-il. « Plutôt mauvais étudiant en médecine, il fallait que je trouve du travail. J'ai été recruté par une entreprise textile qui m'a rapidement envoyé à Biella, moi, qui était germanophone et avais développé, en famille, tous les préjugés sur l'Italie, pays de pizza et de mafia. »Propulsé par le petit écranÀ 23 ans, il va ainsi sillonner, comme simple représentant de commerce, les routes italiennes, de la Vénétie à la Toscane. « J'ai découvert un pays travailleur et d'une générosité incroyable. Avec des codes dans la négociation totalement différents par rapport à la France. Ici, on privilégie avant tout les rapports personnels. On parle de tout, de la famille, des vacances, de la cuisine ou du Calcio. À la fin seulement, on s'occupe des contrats », explique-t-il. « J'ai appris la langue à travers la télévision », précise Emmanuel Gout. C'est d'ailleurs le petit écran qui va le propulser sur d'autres fronts. Au bout de sept ans dans le textile en Italie (et un chiffre d'affaires multiplié par 35), il décide de changer d'air. Et propose ses services, en 1986, par candidature spontanée à Silvio Berlusconi qui s'apprête alors à débarquer en France. L'un des collaborateurs du Cavaliere le reçoit. Et le recontacte... trois ans plus tard. Qui plus est, direction l'Europe orientale. « Je ne connaissais rien à la télé et aux pays de l'Est mais le défi était passionnant. » Le mur de Berlin vient de tomber. Emmanuel Gout a carte blanche pour créer les prémices de chaînes commerciales dans l'ex-bloc communiste : « Les Italiens m'ont donné cette chance parce qu'ils ne regardent pas vos diplômes mais ce que vous avez fait dans les trois dernières années ». Depuis trois ans, il a ouvert son propre bureau de consultants à Moscou, Stratinvest. Il revient régulièrement à Rome pour suivre la construction du parc d'attractions et fait part de son expertise en paysage audiovisuel. Car dans les années 1990, il avait d'abord été chargé de faire du lobbying au profit de Canal Plus afin de créer les conditions de l'implantation de la première télé à péage dans la péninsule, puis en prenant les rênes de la chaîne. « En Italie comme en Russie, on vous juge uniquement sur les résultats », insiste-t-il, ajoutant, non sans malice, qu'à l'inverse, au vu de son parcours « en France, on me regarde bizarrement ».
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