BCE : Draghi, le bon compromis

Finalement, l'intransigeant Axel Weber a rendu service à tout le monde. En s'opposant bruyamment à la politique d'achats de dettes décidée in extremis par la Banque centrale européenne (BCE) pour sauver la zone euro, il ne s'est pas seulement disqualifié de lui-même dans la course à la présidence de cette institution. Il a donné à l'Europe la possibilité de sortir par le haut des difficultés et des contradictions dans lesquelles la plongeait la difficile succession de Jean-Claude Trichet. Son retrait a d'abord évité aux pays adhérant à la monnaie unique de voir un Allemand s'installer au sommet... de Francfort. Un symbole fâcheux qui aurait irrésistiblement fait de la BCE la fille aînée de la Bundesbank. La désignation, mercredi par Angela Merkel, du jeune Jens Weidmann pour remplacer Axel Weber écarte cette hypothèse. Ensuite, l'apparent effacement de l'Allemagne lui permet en réalité d'être mieux placée que jamais pour imposer, en contrepartie, le « pacte pour la compétitivité » dont elle est, par-delà son habillage franco-germanique, très largement l'inspiratrice. Enfin, le jet d'éponge d'Axel Weber a permis, beaucoup plus vite qu'on ne l'aurait cru, l'émergence du meilleur candidat de compromis. Mario Draghi est italien. Il vient donc d'un pays du « Club Med », qui plus est celui de Berlusconi. Mais Draghi a, en réalité, tout pour lui. Il est du sérail, il est le banquier central de la péninsule depuis fin 2005. Il jouit de facto d'un poids certain, il représente la troisième économie de la zone euro au conseil des gouverneurs de la BCE. Il préside le Conseil de stabilité financière, ce qui fait oublier son passage chez Goldman Sachs. Enfin, il a un profil à la Trichet : ses choix de politique monétaire sont d'inspiration allemande, sans que l'on puisse l'accuser de méconnaître les réalités des États surendettés. Dans la course à la présidence de la BCE, Draghi est désormais le mieux placé. On ne voit pas comment il pourrait en être autrement. [email protected]
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