Les Vingt-Sept veulent passer la Grèce à la paille de fer

Les ministres des Finances des Vingt-Sept, réunis hier à Bruxelles, ont dévoilé quelques ingrédients supplémentaires de la gouvernance économique. D'ici à un mois, on connaîtra sa vraie nature, quand Athènes dira comment en pratique et en détail, elle entend s'y prendre pour réduire son déficit de 3 à 4 points de PIB par an d'ici à 2012. La potion s'annonce amère.Dans leur « recommandation » d'une vingtaine de pages adoptée mardi, les ministres dressent une liste vertigineuse de réformes à mettre en place toutes affaires cessantes. Marché du travail, retraites, salaires dans la fonction publique, système de santé, système éducatif, réglementation du commerce de détail, de l'énergie ou des transports : c'est toute l'économie grecque qui doit être mise en chantier. « Un paquet de réformes audacieux et complet qui aille au-delà des mesures esquissées dans le programme de stabilité revu de janvier dernier » : voilà ce que veulent les Vingt-Sept, aiguillonnés par la Banque centrale européenne (BCE) et Berlin.Pour l'instant, cela relève du pur bras de fer. Le programme grec n'est pas encore arrêté dans le détail. Les choses sérieuses commenceront mi-mars, quand il faudra lister « les mesures précises et le calendrier ». Jusqu'à quel degré de détail les trois vigies d'Athènes (Commission européenne, FMI et BCE) exigeront-elles d'aller ? Les Vingt-Sept demandent par exemple de réinventer complètement le système de retraite : durée de cotisation, équilibre entre cotisations et versements, indexation. Quand on voit les affres dans lesquelles le sujet plonge le gouvernement en France, on peut se demander ce que Georges Papaconstantinou pourra mettre sur la table de ses confrères de l'Ecofin en quelques semaines.sévérité de l'ue critiquée« La Grèce se trouve dans une situation terrible ; la remettre sur les rails serait comme changer la trajectoire du ?Titanic? », a-t-il averti lundi. Son Premier ministre, Georges Papandréou, critique désormais ouvertement l'excessive sévérité de l'Union européenne. L'invitation lancée au Premier ministre russe, Vladimir Poutine, attendu cette semaine à Athènes, sonne comme un défi. Pris entre l'enclume bruxelloise et le marteau de son opinion publique, il a choisi de retarder la chute du second et, peut-être, de se trouver d'autres appuis. Certes les ajustements demandés à la Grèce sont particulièrement brutaux. Mais la stratégie de sortie de crise ? et des déficits ? n'est un long fleuve tranquille pour aucun pays européen. Avaler la potion des réformes structurelles et affronter l'impopularité ou manquer de loyauté à l'union monétaire, au risque de la faire éclater : Georges Papandréou ne sera pas le seul à faire face à ce dilemme si vraiment les Vingt-Sept veulent à l'avenir le gouvernement économique esquissé la semaine dernière par le Conseil européen. ?
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