Il y a d'abord la grâce, l'élégance, la beauté. Autant de miroirs qui reflètent le conte, le songe. L'oeuvre de Jean-Michel Othoniel, présentée actuellement à Beaubourg, s'inscrit dans cette voix-là, tant à travers la préciosité de l'objet que dans ce qu'il recèle de rêves. Chez lui ces rêves ce sont, bien sûr, des objets, mais surtout des matières. Comme le soufre, la cire, le verre. Les couleurs aussi, tendres, translucides. À la tendresse, à cette perpétuelle idée de l'enfance qui habite son oeuvre, se substitue souvent l'ironie, une certaine insolence, autant de sentiments, d'attitudes qui passent par la magie, le merveilleux et la fantaisie. Dès ses premières oeuvres qui sont souvent des tableaux-sculptures, Othoniel pratique l'humour. En témoignent les « sculptures frites », doigts en cire qui retiennent une frite en étain. Il détourne l'objet de sa fonction initiale pour qu'il devienne autre, objet de désir, d'évasion. L'érotisme plane sur les oeuvres de cette époque. Le corps de la femme, par un jeu de masque photographique, devient « intestin » et les protubérances des toiles blanches des seins. Il prolonge cet érotisme lumineux et enchanteur, il le prolonge par un éloge de la féminité avec de monumentaux colliers de boules de verre, matière et forme avec lesquelles il joue aussi bien de la volupté, de la couleur et des blessures. C'est l'heure de l'enchantement baroque avec des oeuvres qui deviennent gigantesques, s'ancrant aussi bien dans le réel que dans la fantaisie qui conduit au rêve. Ainsi cette vieille barque usagée aux couleurs délavées utilisée par des passeurs qu'Othoniel éclaire de boules de toutes les couleurs comme pour une fête de 14 Juillet et qu'il appelle « la Barque des larmes ». Ainsi s'illumine toute l'oeuvre de Jean-Michel Othoniel, dans une transgression permanente du réel à travers un regard qui n'a jamais abandonné l'idée que l'innocence est une des plus belles expressions de la beauté. Jean-Louis Pinte Centre Georges Pompidou jusqu'au 23 mai. www.centrepompidou.fr. Catalogue : « My Way », Éd. Centre Pompidou, 39,90 euros.

latribune.fr

16 Mars 2011, 21:28

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