Westinghouse défie Areva sur le marché nucléaire français

Le constructeur assemble dans ses usines espagnole et suédoise 35 % du combustible utilisé par EDF.Malgré l'accident en cours à Fukushima, les affaires courantes continuent dans l'industrie nucléaire. Westinghouse, qui a vendu à la France la licence qui a permis de développer le parc nucléaire français, tente de revenir en force dans l'hexagone, en concurrence frontale avec Areva. Bravant les tentations de patriotisme économique de certains élus locaux, le constructeur nucléaire américain, devenu en 2006 filiale du japonais Toshiba, guigne une part du marché du remplacement par EDF des générateurs de vapeur de onze de ses réacteurs. Au terme d'un appel d'offres lancé à l'automne dernier, l'électricien français doit attribuer, d'ici à juin, ce marché d'environ 2 milliards d'euros, sans compter les services d'installations, pour un milliard supplémentaire. « Nous sommes un acteur du paysage, une alternative européenne aux fournisseurs actuels », lance Yves Brachet, vice-président Westinghouse France, Benelux et Afrique du Sud, qui promet de fabriquer ces générateurs en Grande-Bretagne, en Italie et en France. Se fournissant traditionnellement chez Areva pour ces éléments majeurs des centrales - quatre pièces d'un coût unitaire de 100 à 200 millions d'euros par réacteur - EDF avait créé la sensation en 2005 en commandant pour la première fois des générateurs de vapeur au japonais Mitsubishi. Opération réitérée en 2009 pour 6 pièces supplémentaires.Depuis 2008, Westinghouse a déjà su se rendre utile chez EDF. D'abord, en décrochant un contrat pour résoudre un problème de corrosion sur 12 générateurs. « Aux États-Unis, notre parc a dix ans de plus. Nous avons déjà développé une solution », explique Yves Brachet. Une solution à 10 millions d'euros l'unité pour un nettoyage chimique qui nécessite une véritable usine mobile. Westinghouse intervient également en ce moment pour « réparer » une quinzaine d'alternateurs, venant ici sur les terres d'Alstom. Enfin, le constructeur assemble dans ses usines espagnole et suédoise 35 % du combustible utilisé par EDF contre 25 % il y a quelques années. Misant sur la poursuite par EDF de sa politique de diversification des fournisseurs, Westinghouse se heurte à une levée de boucliers de certains syndicats et élus locaux autour de l'usine de Châlon-sur-Sâone d'Areva, qui craignent pour les emplois. Interpellée début février par Jean-Paul Anciaux, député UMP de Saône-et-Loire, Christine Lagarde a du préciser qu'il n'était pas question que le gouvernement intervienne en faveur d'Areva. « Compte tenu du volume, il est évident qu'un certain nombre d'opérateurs seront retenus », a-t-elle précisé.
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