Les menaces de blocage du marché monétaire japonais ne sont plus seules en jeu pour la Banque du Japon, désormais confrontée à une flambée du yen. Celui-ci s'est hissé mercredi à son plus haut niveau depuis 1995 face au dollar. Certes la banque centrale de Tokyo a continué inlassablement de tenter d'assurer le fonctionnement le plus proche de la normale que possible du marché interbancaire en injectant mercredi 5.000 milliards de yens de liquidités supplémentaires, soit 62 milliards de dollars, portant à 28.000 milliards de yens (345 milliards de dollars) les montants alloués depuis lundi. Mais la Banque du Japon va devoir rapidement réagir à la vigueur du yen qui ne se dément pas et qui menace d'étrangler les exportateurs du pays, lesquels constituent la véritable richesse encore intacte du Japon, le moteur de sa croissance.Le ministre des finances, Yoshihiko Noda, responsable de la politique de change nippone, n'avait pas caché, dès le début de la semaine, ses inquiétudes face à l'envolée de la monnaie japonaise. Il avait alors laissé entendre que la Banque du Japon se tenait prête à intervenir si le yen s'approchait trop dangereusement du point haut de seize ans face au dollar atteint le 29 octobre dernier à 80,20 pour 1 dollar. Or, stimulé par les rapatriements de capitaux en ce dernier mois de l'exercice fiscal nippon qui coïncide avec la formidable augmentation des besoins en capitaux que nécessitera la reconstruction, le yen a non seulement enfoncé ce seuil mercredi, mais cassé la barre de 80 pour 1 dollar, venant à nouveau tutoyer le record absolu de 79,75 atteint en avril 1995. Une date qui inquiète d'autant plus les autorités monétaires japonaises qu'elle s'inscrit tout juste trois mois après la catastrophe de Kobe, la plus grave qu'ait connue le Japon avant le triple désastre de ces six derniers jours.Osons croire que face à une intervention de la banque centrale sur le marché des changes, les investisseurs se montreront plus réticents à la contrer qu'en mi-septembre dernier, lorsqu'ils avaient mis en échec sa première incursion - pourtant massive - dans le marché depuis 2004.Isabelle Croizard

latribune.fr

16 Mars 2011, 21:24

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