Avec la mer, le Grenelle n'est pas coulé

Dés avril 2009, le ministre du développement durable Jean-Louis Borloo lançait le chantier du Grenelle de la mer. Seize «COMOP», (comités opérationnels) en clair, des tables rondes réunissant les acteurs traditionnels du Grenelle (Etat, collectivités locales, ONG écologistes, patronat, syndicats et personnalités qualifiées) étaient installés dans la foulée afin de réfléchir puis formuler des propositions concrètes sensées mettre en oeuvre les 137 mesures retenues lors du Grenelle de la mer. Les rapports des sept premiers COMOP ont été remis au ministre hier vendredi. Les autres rapports seront bouclés courant juin. De ces réflexions doivent en principe sortir des dispositions législatives dont un certain nombre prendront place dans le projet de loi Grenelle 2. D'autres mesures nécessiteront des décisions d'ordre règlementaire, d'autres encore, touchant par exemple à la protection de la biodiversité ou la sauvegarde des réserves halieutiques, devront être débattues au sein d'instances internationales comme ce fut le cas notamment pour l'interdiction de la pêche du thon rouge, espèce menacées de disparition. Parmi les centaines de mesures préconisées dans les premiers rapport on peut retenir par exemple la proposition de tracer les hydrocarbures en fonction des ADN contenus dans leur molécules. Ceci afin de pouvoir déterminer la provenance de certains dégazages sauvages. Au moment ou la tempête Xynthia fait l'actualité, il est également proposé de renforcer les moyens de lutte contre les catastrophes naturelles. La protection de la biodiversité impliquerait par exemple de créer un réseau cohérent d'aires marines protégées tout au long des côtes françaises d'ici 2012.«Ca commence à bien faire»Prévue depuis plus d'un an, la remise des rapports tombe à point nommé pour le gouvernement. L'événement lui permet en effet de signifier qu'il n'a pas jeté aux orties ses ambitions environnementales. Depuis les déclarations du président de la république au dernier salon de l'agriculture qui lançait «l'environnement ça commence à bien faire...», jusqu'au report sine die de la taxe carbone, la crédibilité de la politique écologique de l'exécutif a en effet, été sérieusement entamée. Les amendements restrictifs envers le développement de l'éolien votés par les députés lors de l'examen en commission du projet de loi Grenelle 2 ou encore la diminution des tarifs de rachat de l'électricité phovoltaïque par EDF ont également participé à cette décrédibilisation. Même si ces abandons sont, somme toute, plutôt appréciés par l'opinion publique, ils n'en restent pas moins, cruelle loi du genre, interprétés comme autant de reculs politiques.Ecolo-scepticisme Le Grenelle «n'est pas en péril» a martelé François Fillon mercredi dernier, s'exprimant à l'occasion d'un déplacement dans une usine Saint-Gobain Isover dans le Maine-et-Loire. Assurant que l'écologie restait «au coeur» du projet gouvernemental le premier ministre a jugé qu'on ne pouvait «laisser dire que l'écologie (n'était) pas un sujet populaire! Nous ne pouvons pas laisser dire qu'elle est un luxe ni qu'elle est une charge!». De fait, le Grenelle de l'environnement ne se résume pas à la taxe carbone. Plus de 250 mesures ont été décidées dont certaines, majeures, n'ont qu'un défaut: celui d'être de long terme. Ainsi en est-il par exemple, de la construction des lignes de trains à grande vitesse, où de l'isolation des 30 millions de logements qualifiés de «passoires thermiques». Mais, là n'est pas le véritable problème. La difficulté de l'exécutif et de son chef Nicolas Sarkozy aujourd'hui, c'est le retour de l'écolo-scepticisme, voire l'émergence d'un discours anti-écolo au sein de sa propre majorité. De ce point de vue, les débats sur la loi Grenelle 2 seront un bon indicateur de l'intensité de la fronde.
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