La reprise en France, c'est pour quand ?

La France est bien entrée en récession indiquait l’Insee mercredi. Depuis le déclenchement de la crise financière à la fin de l’année 2008, la France aura connu deux épisodes de recul de son PIB. Le gouvernement maintient ses objectifs : inverser la courbe du chômage d’ici la fin de l’année et une croissance à +0,1% en 2013. Son espoir : un redémarrage de la croissance au second semestre.« Pour 2013, il n’y a aucun indicateur qui permettrait d’envisager un retournement de conjoncture. Pas même à l’orange », juge Mathieu Plane, économiste à l’OFCE.Baisse de l’investissement, consommation atoneJeudi, l’Insee estimait que les chefs d’entreprise du secteur manufacturier prévoyaient de baisser leur niveau d’investissement de 4%. En janvier, ces derniers anticipaient pourtant de les garder au même niveau que l’an dernier.La consommation ? « On n’attend pas de redressement à court terme, répond Cédric Audenis, directeur du département de conjoncture de l’Insee, les revenus d’activité progressent peu et les prélèvements obligatoires augmentent ». Et le déblocage de l’épargne salariale ? « C’est un petit stimulus face à la tendance lourde de la croissance nulle ».Peu d’espoirs sur l’emploiUn espoir peut-être: l’Insee annonçait jeudi que si l’emploi salarié avait perdu 20.300 postes au premier trimestre, ce repli a été limité grâce à... une progression de l’emploi intérimaire, de 11.400 postes. Or, l’intérim est souvent vu comme un indicateur avancé des chiffres de l’emploi : s’il augmente, c’est que l’emploi augmentera dans les mois qui suivent. “C’est une surprise, commente le conjoncturiste de l’Insee, mais le bémol, c’est qu’il s’agit d’un indice flash, il pourrait être révisé”.A l’Insee, les économistes mettent leurs espoirs dans la mise en place du CICE, le crédit d’impôt compétitivité et emploi : « on attend à ce qu’il ait un effet sur l’emploi », comme toute politique allant dans le sens d’une baisse des charges pour les faibles salaires.Dans l’attente des exportations« Le moteur qui va redémarrer en premier, ce sont les exportations », estime Cédric Audenis. L’Allemagne pourrait consommer plus, les Etats-Unis redémarrent, la Chine reste un marché intéressant… « Cela fait quelques trimestres que l’on attend un rebond du commerce extérieur. Les mois passent et on est déçu par le manque de perspectives », poursuit le conjoncturiste.A l’OFCE, Mathieu Plane voit des espoirs de reprise en Europe d’ici 2014 : « l’union bancaire, la politique de la BCE et la Commission européenne qui lâche la bride, il y a des choses qui bougent ». Tout dépend désormais des politiques d’austérité estime-t-il. Si tout le monde relâche ses efforts de réduction des déficits comme le permet désormais la Commission européenne, la croissance pourrait revenir en Europe, multiplié par les effets de la reprise du commerce extérieur.Une reprise mais pas un rebondAlors, quand reviendra la croissance ? « Personne ne peut le dire », répond l’Insee. « On peut commencer à envisager une sortie de crise en 2014 et 2015 », estime Mathieu Plane. Mais de quelle ampleur ? A l’Insee, on ne table pas sur des taux de croissance à 2% pour les années de reprise.D’autant qu’il y a « une incertitude de la capacité française à saisir un éventuel rebond », ajoute Cédric Audenis. Les entreprises françaises ayant perdu beaucoup de parts de marché, profiteront-elles de la reprise des exportations ?« On parle d\'une croissance de sortie de crise à partir de 0,4% par trimestre », faire valoir Mathieu Plane. En dessous, le chômage ne décroit pas. Et pour l’heure, l’OFCE prévoit une croissance de 0,2% en moyenne par trimestre en 2014.“La conjoncture peut bouger très vite”, laisse espérer Cedric Audenis.
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