STRONG>Jacques Richard, professeur à l'université Paris-DauphineQue pensez-vous du compte de résultat environnemental de Puma ?Cette tentative s'inscrit dans une démarche de comptabilité environnementale monétaire. Elle a déjà été expérimentée par d'autres, comme par exemple l'entreprise néerlandaise BSO, mais cela reste une démarche originale. Dans l'absolu, c'est une bonne chose de mettre en évidence la nécessité de préserver l'environnement. Ce genre de méthode risque néanmoins de détourner l'attention des vraies solutions. Que reprochez-vous à cette méthode ?D'abord, je remarque qu'il n'est pas question d'utiliser ce compte de résultat environnemental pour modifier celui présenté aux actionnaires. Par ailleurs, Puma annonce d'emblée qu'il compte atteindre l'équilibre, mais en mettant sur le même plan les dommages à l'environnement et les bénéfices sociaux et économiques découlant de ses actions, ce qui est une approche faible du développement durable. Enfin, ce qui me gêne le plus, c'est qu'il s'agit d'une comptabilité en valeur. Conformément aux normes comptables IFRS, on calcule la valeur actualisée des services rendus par la nature. On se situe dans le futur, à un horizon si lointain que les chiffres obtenus, très incertains, ne peuvent être utilisés pour gérer l'entreprise aujourd'hui. Que préconisez-vous ?Je propose une méthode comptable que j'ai baptisée CARE (comptabilité adaptée au renouvellement de l'environnement). Plutôt que d'attribuer une valeur à la nature, il s'agit de mesurer les coûts minimums nécessaires pour renouveler les fonctions environnementales après dégradation. On passe ensuite ces coûts en comptabilité, ce qui équivaut à un amortissement du capital naturel. Contrairement à la méthode utilisée par Puma, qui ne mentionne aucun scientifique, cette approche peut nécessiter l'apport d'agronomes, spécialistes de la biodiversité, etc. C'est pour moi la seule méthode comptable qui contribue à préserver l'environnement.

latribune.fr

24 Mai 2011, 12:31

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