« Les investisseurs doivent prendre conscience des avantages d'un euro faible »

Andrew Garthwaite, responsable de la stratégie actions Europe pour Credit Suisse Le plan de sauvetage européen suffira-t-il à rassurer les marchés financiers ? Le programme mis sur pied par l'Union européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne est suffisant pour nous mettre à l'abri, pour un an au moins, d'une restructuration de la dette grecque qui serait mal vécue aujourd'hui. Les montants avancés représentent 59 % des PIB grec, espagnol et portugais réunis, et 77 % de leurs dettes. Et la BCE a commencé à racheter de la dette souveraine sur le marché secondaire. Mais pour que l'effet de cette annonce soit durable, il faudra réunir plusieurs éléments. L'euro devra encore se déprécier et nous le voyons vers 1,20 dollar en fin d'année. La croissance allemande devra être soutenue, ce que nous croyons possible. L'Espagne devra cesser d'être mise dans le même panier que la Grèce. Et le marché devra réaliser que l'UE, le FMI et la BCE ont tout intérêt à protéger, en agissant de manière coordonnée, la valeur des actifs grecs détenus par les banques comme par la BCE désormais.De fait, vous êtes plutôt positif sur les marchés d'actions ? Personne ne peut dire où nous serons dans deux semaines ! Mais nous voyons l'indice S&P 500 autour de 1.270 points en fin d'année (soit 10 % de hausse sur les niveaux actuels). Les perspectives macroéconomiques mondiales sont positives et les valorisations attractives. Malgré le scepticisme ambiant, l'investissement et l'emploi devraient repartir. Nous devrions également éviter une crise de financement de la dette souveraine via la détention de titres d'États par les banques, du moins tant que la demande de crédit de la part du secteur privé ne repart pas à la hausse. Ce que nous n'anticipons pas a priori avant le second semestre 2011. Quant à l'économie chinoise, le scénario d'un atterrissage en douceur reste le plus probable. Côté résultats des sociétés, les estimations sont trop basses. Nous anticipons plutôt une croissance des bénéfices par action de 30 à 35 % aux États-Unis et de 25 % en Europe. Sans parler de la sous-pondération des actions par rapport à l'obligataire par les fonds de pension, les investisseurs institutionnels et les particuliers dans leur allocation d'actifs. Or, dans l'environnement actuel, les actions sont une bonne couverture contre le risque souverain ou le risque d'inflation. Vous voyez l'indice S&P 500 à 1.270 fin 2010. Qu'en est-il des marchés européens ? Ils devraient mieux performer, avec quelques écarts en fonction des pays. L'Europe continentale offre aujourd'hui une décote de 30 % en termes de ratio cours/bénéfices par rapport au marché américain, alors qu'historiquement, cette décote tourne autour de 3 % en moyenne. Et nous pensons être en présence d'une forme de capitulation de la part d'investisseurs globaux vis-à-vis de l'Europe : l'appétit pour le risque sur la zone Europe est en effet à un point bas relatif de 5 ans par rapport à l'indicateur global d'appétit pour le risque. Surtout, je pense que les investisseurs doivent prendre conscience des avantages d'un euro faible et du potentiel de l'économie allemande.Propos recueillis par Christèle Fradin et Gaël Vaut
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