Londres remet à plat sa régulation financière

Exit la Financial Services Authority (FSA). L'actuel régulateur, créé en 1997 lors de l'arrivée du Labour au pouvoir, va être démantelé au bénéfice de la banque d'Angleterre. Le nouveau gouvernement conservateur met ainsi fin au système tripartite créé il y a treize ans par Gordon Brown, qui partageait la supervision financière entre la banque d'Angleterre, la FSA et le Trésor. Par ailleurs, le gouvernement a confirmé sa volonté d'imposer une taxe sur les banques, même s'il n'en précise pour l'instant pas les modalités.Dans son premier discours hier soir à Mansion House, la résidence du «?Lord Mayor?» de la City, George Osborne, le nouveau chancelier, a décidé de taper un grand coup. «?Le gouvernement va abolir le régime tripartite et la FSA va cesser d'exister dans sa forme actuelle.?» Il a annoncé qu'il allait rassembler les pouvoirs de supervision «?macro-prudentielle?» (risques de l'ensemble des marchés) et «?micro-prudentielle?» (risques des entreprises individuelles) sous un seul chapeau?: la banque d'Angleterre.L'échec d'un système«?Le système tripartite a complètement échoué dans sa mission d'assurer la stabilité financière, estime George Osborne. Cela a coûté beaucoup d'argent au contribuable. Les Britanniques ont payé le plus cher plan de sauvetage bancaire au monde. Nous sommes le seul pays dans lequel on a vu la population faire la queue aux portes des banques.?»L'échec du système tripartite a été mis en évidence lors de la faillite de Northern Rock, la petite banque qui a provoqué une panique de ses clients à l'automne 2007. Cette affaire, prémice de la crise internationale, a étalé au grand jour le fait que personne entre la FSA, la banque d'Angleterre et le Trésor ne savait qui devait intervenir en cas d'urgence. Tandis que la FSA se concentrait sur une liste de règles à suivre par les grandes institutions, la banque d'Angleterre était principalement en charge de maîtriser l'inflation, et le Trésor se concentrait sur le budget. «?Personne ne contrôlait le niveau de dette générale, et quand la crise est arrivée, personne ne savait qui était responsable?», analyse George Osborne.Quant au rôle de gendarme des marchés de la FSA -lutte contre le délit d'initié, les abus de marché...- il va être transféré à une nouvelle «?autorité des marchés et de protection des consommateurs?».Pour l'actuel président de la FSA, le très influent Adair Turner, c'est un échec. Depuis son arrivée à la tête de l'institution en septembre 2008, il a tenté de muscler le régulateur, et mène une politique très activiste contre le délit d'initié.En revanche, Hector Sants, le directeur de la FSA, qui avait annoncé son départ récemment, est le vainqueur de ce remaniement. Il va devenir vice-gouverneur de la banque d'Angleterre, en charge de la régulation prudentielle. Il y présidera le nouveau «?Comité de politique financière?», responsable de cette tâche.Par ailleurs, George Osborne a également lancé hier une commission en charge d'étudier la future régulation des banques, et notamment la nécessité -ou pas- de scinder les activités de banque d'investissement, considérées comme plus risquées, et de banque de détail. La commission sera présidée par John Vickers, un ancien chef économiste de la banque d'Angleterre, qui ne devra remettre son rapport qu'en septembre 2011, ce qui permet de repousser le problème pour l'instant.
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