BP capitule face aux exigences de la Maison-Blanche

Sous pression de la Maison-Blanche et du Congrès, BP a décidé de céder. Mercredi, au terme d'une réunion à Washington à laquelle ont pris part Barack Obama et son vice-président, Joe Biden, les dirigeants du groupe pétrolier britannique ont accepté de mettre 20 milliards de dollars en réserve pour financer les conséquences de l'explosion de sa plateforme Deepwater Horizon. Un montant qui ne constitue toutefois pas un plafond, précise un représentant du gouvernement américain. Ce compte sous séquestre visant à soutenir les efforts de dépollution et à faire face à l'impact économique de la marée noire sur les régions du Golfe du Mexique sera géré par Kenneth Feinberg. Cet avocat responsable de l'indemnisation des familles des victimes des attentats du septembre 2001 a, depuis, été chargé par l'administration Obama de superviser les rémunérations dans les sociétés ayant bénéficié du plan fédéral de soutien à la finance (Tarp). Quelques heures avant la réunion, le Premier ministre britannique, David Cameron, avait déclaré que BP avait besoin d'un « certain degré de clarté et de certitude » sur les efforts financiers que le groupe aurait à réaliser du fait de la catastrophe. « Le souci de BP, c'est d'avoir une certaine assurance qu'il n'y aura pas de plaintes déposées qui soient très indirectement liées à la marée noire », a ajouté Cameron sur les ondes de la BBC, plaidant pour le paiement de « dommages raisonnables ». Valorisation divisée par deuxLe groupe a indiqué qu'il avait réussi à capter 15.420 barils de pétrole lundi et que, grâce à l'installation en cours d'un deuxième système de confinement, il espérait en pomper 53.000 par jour d'ici à la fin juin, puis 80.000 à la mi-juillet. Mardi, toutefois, un début d'incendie a interrompu les opérations de pompage pendant cinq heures. Les autorités américaines viennent de revoir à la hausse le volume de fuite : il s'inscrirait entre 35.000 à 60.000 barils par jour, contre une fourchette de 20.000 à 40.000 barils, déjà augmentée jeudi dernier. La valorisation de BP a été divisée par deux depuis le 20 avril. L'agence Fitch, qui a mardi dégradé de six crans la note de la dette à long terme du pétrolier, évalue les coûts de nettoyage et de dédommagement entre 3 et 6 milliards de dollars tandis que les amendes civiles dont écopera le groupe s'élèveront entre 2 et 8 milliards de dollars. Ces montants ne tiennent pas compte des procès à long terme.Mardi soir, en s'adressant à ses compatriotes depuis le bureau ovale, Barack Obama a tenté de répondre à ses détracteurs dénonçant la lenteur de son administration à réagir à une catastrophe écologique qu'il juge pourtant comme la plus grave de l'histoire des États-Unis. Il s'est engagé à « autoriser le déploiement de 17.000 membres de la garde nationale le long de la côte » pour soutenir les opérations de dépollution et à réformer le service de gestion des ressources minérales (MMS) dont la négligence est décriée dans les médias et au Congrès. En dépit des appels d'élus du Capitole militant pour la levée du moratoire de six mois sur les opérations de forage offshore, Barack Obama a prévenu qu'il le maintiendrait pour des raisons de sécurité. D'après l'Institut américain du pétrole (API), ce moratoire pourrait détruite 46.000 emplois. Compte tenu des proportions prises par la marée noire, les autres groupes pétroliers, qui jusqu'à présent avaient soutenu leur rival britannique, prennent leurs distances avec BP. Après John Watson, le PDG de Chevron, qui a déclaré que la marée noire « aurait pu être évitée », le patron d'ExxonMobil, Rex Tillerson, a indiqué que son groupe n'aurait jamais « foré le puit de la manière dont [BP] l'a fait ».
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