Le marché de la dette dans un cercle vicieux

Quand le doute s'immisce, il est difficile de l'extirper. Or, le doute s'est emparé des investisseurs étrangers, détenteurs de près des deux tiers de la dette française, sur la détermination des autorités à réduire les déficits. Signe de leur défiance persistante : le baromètre clé constitué par l'écart de taux à 10 ans entre l'Allemagne, le bon élève de la zone euro, et la France ne s'est pas réduit après l'annonce du projet de réforme du régime de retraite qui pourtant aligne l'Hexagone sur la plupart de ses partenaires. La prime de risque exigée par les investisseurs pour détenir de la dette française à dix ans par rapport aux emprunts de référence allemands de même échéance est restée perchée à 45 points de base, alors qu'elle s'élevait à moins de 25 points avant que le soupçon ne vienne rôder. Le « spread » a néanmoins décroché du point haut atteint la semaine dernière à 60 points de base, au moment ou l'Allemagne annonçait un plan d'austérité drastique de 80 milliards d'euros qui faisait battre un record absolu au rendement du bund allemand à 10 ans à 2,50 %, alors que la France répugnait à prononcer le mot rigueur. Rappelons que l'écart entre les OAT françaises, qui se négociaient mercredi à 3,14 % et les bunds, à 2,65 %, est resté durablement voisin de zéro depuis la naissance de l'euro et n'a commencé à se creuser qu'à partir du printemps 2007, au moment où s'amorçait la crise des subprimes, pour atteindre un sommet absolu à 62 points de base à la fin de l'hiver 2008, au plus fort de la débâcle qui avait suivi la faillite de Lehman Brothers en septembre.Néanmoins, si l'on tient compte de la situation générale de la zone euro, on peut parler d'amélioration relative de celle de la France. Car mercredi, la prime exigée pour détenir de la dette espagnole plutôt que des obligations allemandes a atteint un niveau sans précédent depuis la création de l'euro, bondissant à 223 points de base, les marchés du crédit ibériques s'enfoncant dans la crise, à la faveur d'une nouvelle tension de 14 points des taux espagnols à 10 ans montés jusqu'à 4,86 %. La situation de la France doit également être relativisée par rapport à celle des autres pays prétendus vertueux de la zone euro, du moins en ce qu'ils partagent avec elle le prestigieux AAA décerné par les agences de notation. Les taux à 10 ans de la Finlande et des Pays-Bas frôlent les 3 %, affichant un écart avec les bunds de plus de 30 points de base. Quant à la prime sur la dette de l'Autriche, longtemps considérée comme un séide de l'Allemagne, elle est désormais supérieure à celle de la France et atteignait mercredi 54 points de base. Les Seize pays qui partagent la même monnaie et les mêmes tourments ont cependant eu mercredi un sujet de satisfaction commun : l'euro a tenu les promesses de ces dernières séances, se maintenant au dessus de 1,23 dollar. si l'on tient compte de la situation générale de la zone euro, on peut parler d'amélioration relative de celle de la France.
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