Routiers  : une taxe carbone sur mesure

Le choix du gouvernement de privilégier le rail pour le transport de marchandises constitue-t-il une menace pour les routiers ? En fait, ces derniers restent sereins. « Le rail ne s'oppose pas à la route. Le transfert modal, selon les estimations réalisées, ne devrait pas concerner plus de 5 % des charges que nous transportons », affirme Nicolas Paulissen, le délégué général adjoint de la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR), davantage préoccupé par une autre mesure issue du Grenelle de l'environnement : la taxe carbone qui doit être instaurée en 2010.On s'en souvient, Nicolas Sarkozy avait annoncé, le 10 septembre lors de son discours de Culoz (Ain), que certaines professions particulièrement touchées par l'instauration de cette taxe carbone bénéficieraient d'aides de l'État. Les routiers, les marins-pêcheurs ou les agriculteurs font partie de cette liste. Pour les routiers, selon l'entourage du ministre du Développement durable Jean-Louis Borloo, le gouvernement planche actuellement sur deux scénarios distincts qui chacun atténue fortement l'impact de la taxe verte sur leur activité.La première piste consisterait à exonérer les transporteurs de la nouvelle fiscalité verte et à en reporter la charge sur leurs clients. Les chargeurs verraient alors leurs coûts mécaniquement augmenter de 300 millions d'euros, montant estimé par les pouvoirs publics du surcoût qu'entraîne la taxe carbone sur l'activité du transport routier.La seconde répond plus classiquement aux canons sarkozyens, puisqu'elle envisage une participation pleine des transporteurs routiers au paiement de la taxe carbone « compensée intégralement ou en partie seulement » par un abaissement du coût du travail sous la forme d'une baisse des charges sociales patronales, voire également des cotisations sociales salariales. La FNTR ne veut pas entendre parler de la première piste et se dit plutôt favorable à la seconde. C'est ce qu'elle dira au secrétaire d'État aux Transports, Dominique Bussereau, dont elle rencontrera le cabinet vendredi, indique à « La Tribune » Nicolas Paulissen.Les transporteurs, vent debout contre la taxe carbone depuis le départ, sont très remontés. Ils dénoncent la « pandémie fiscale » qui, selon eux, marque l'époque actuelle. Ils rappellent « les coups de massue » qui, « au nom de la lutte contre les émissions de CO2 » ont déjà été assénés aux entreprises de transport, en citant notamment l'ecotaxe sur les poids lourds qui entrera en vigueur dès 2012 quand ils emprunteront le réseau routier national (non concédé). La réflexion en cours sur un allégement de l'impact de la taxe carbone a donc un but politique évident : calmer la sourde colère des camionneurs pour éviter de les voir réagir violemment par un blocage des routes. Rémy J
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