Barroso arrache un deuxième mandat à Bruxelles aux eurodéputés

Union européenneIl en rêvait. Le Parlement européen l'a fait. José Manuel Barroso a obtenu hier le soutien de 382 voix sur 736 pour entamer un deuxième mandat de cinq ans à la tête de la Commission européenne. Dans l'après-midi, Nicolas Sarkozy lui a adressé ses félicitations, en se réjouissant de pouvoir « approfondir encore » leur coopération dans les cinq ans à venir. Depuis le mois de juillet, la reconduction de l'ancien Premier ministre portugais à la tête de l'exécutif bruxellois était pourtant devenue un véritable casse-tête, et se heurtait à une forte opposition au sein du Parlement européen. « Barroso visait au mieux 380 voix » sur 736, rapportait hier un eurodéputé français. Le vote se tenait à bulletin secret. Mais il semble qu'il ait pu compter sur un soutien sans faille de son propre camp, le Parti populaire européen (PPE), fort de 265 voix. En politique expérimenté, il n'aura négligé aucun soutien. Hier dans la soirée, il a encore passé un long moment avec les trois élus du « Nouveau Centre » (PPE) qui menaçaient de faire dissidence.contrat de confianceBarroso doit également une fière chandelle à la petite trentaine de socialistes portugais et espagnols qui ont fait bloc derrière lui, en dépit de la consigne d'abstention du groupe PSE. Sans eux, il n'aurait pas obtenu la majorité absolue qui lui assure une assise solide. L'appui de nombreux libéraux et des eurosceptiques britanniques, polonais et tchèques aura fait le reste. Seuls les Verts et la Gauche unitaire européenne auront finalement été unanimes dans leur opposition. « On a une majorité et une opposition, c'est très simple », commentait hier la députée libérale néerlandaise Sophia in'tVeldt.Simple ? Tout le monde ne partage pas cet avis. Barroso a gagné la première manche devant le Parlement, mais il va devoir en jouer une seconde pour faire investir l'intégralité de son équipe. Or il a beaucoup promis. Ses alliés vont demander des comptes. « Nous ne lui avons pas accordé un chèque en blanc. C'est un contrat de confiance », insistait hier Michel Barnier. Les eurodéputés français de centre-droit attendent du Portugais un franc virage « intégrationniste ». Ils parlent politique agricole, services publics, politique industrielle européenne, taxe carbone aux frontières. Autant de sujets où M. Barroso a pris des engagements prudents. Le président du groupe socialiste Martin Schulz lui demandait des gages précis sur la composition de la Commission. Barroso ne s'y est pas plié. Mais ne serait-ce que pour tenir ses promesses sur le terrain social, il devra faire preuve d'une audace vis-à-vis des gouvernements qu'il n'a pas manifestée jusqu'à présent.À partir de maintenant, les discussions entre le chef de l'exécutif et les États membres vont s'accélérer pour constituer la nouvelle Commission. Celle-ci pourrait être portée sur les fonts baptismaux par le Conseil européen des 29 et 30 octobre. La seconde manche devant le Parlement devrait donc commencer en novembre.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.