Et demain ? : quid du made in France ? ?

Aujourd'hui, les meubles style maison de famille (Flamand, Mis en Demeure, Becara) font un grand retour dans nos intérieurs. Envie de se rassurer oblige et de freiner un tant soit peu la course vers la modernité, on se replie chez soi, en quête de valeurs refuges. Résultat, les ventes s'en ressentent et les industriels suivent mollement le mouvement contemporain. Les designers amuseraient la galerie, mais ne feraient plus vendre?? Heureusement, une poignée de fabricants soutient la jeune création. Roche Bobois qui, depuis cinquante ans, développe ses collections avec des designers, des architectes, des créateurs (Vladimir Kagan, Philippe Bouix, Cédric Ragot, Christophe Delcourt, Hans Hopfer et tout récemment Jean Paul Gaultier), mais aussi Cinna avec Pascal Mourgue, Arik Levy, François Bauchet ou François Azambourg?; Ligne Roset avec les frères Bouroullec, Inga Sempé, Tord Boontje ou Steiner - depuis quatre-vingts ans - avec Éric Gizard, Kwok Hoï Chan, Ora-Ito, persévèrent et continuent à croire au design. C'est le cas aussi de Pierre Perrigault lequel, avec Meubles et Fonction, édite et diffuse ceux que l'on considère aujourd'hui comme les plus grands - par exemple Pierre Paulin ou Arne Jacobsen - sans se soucier de la mode, ou de Bernard Berthet, fondateur en 1970 de Design SA puis de Marais International, à la fois éditeur, fabricant et distributeur. Les poids lourds continuent leur chemin, ouvrant leurs portes aux jeunes designers notamment à travers des concours destinés aux étudiants des écoles de design. La nouvelle génération se positionne à travers deux génies de la distribution. Fabienne et Paul Silvera, dans leurs espaces de l'avenue Kléber et de la Bastille, présentent ce qu'il y a de mieux en design international. Les artisans - l'un est tapissier, l'autre sellier - Domeau & Pérès qui, en 1996, ont uni leurs talents au service de designers pour la réalisation de meubles contemporains pour l'habitat, l'aéronautique et l'automobile ou la Galerie Kreo spécialisée dans le design, fondée en 1999 par Didier et Clémence Krzentowski, laquelle se définit comme un « espace laboratoire » qui outre sa superbe collection propose des éditions limitées.Dans ce pays qui balance souvent entre les extrêmes, l'engouement pour le design semble total. Il suffit de voir le succès d'une manifestation comme Designer's Days, la façon dont, à Paris, le carrefour Bac-Saint-Germain - où l'on retrouve les plus grands éditeurs français et internationaux - a pris des allures de via Tortona, le nombre d'adresses se consacrant au design, comme le VIA, le Lieu du design ou l'APCI (Agence pour la promotion de la création industrielle) qui valorise une approche économique, sociale et culturelle du design en France et du design français à l'étranger, en augmentation régulière.Les sites - par exemple Madeindesign.com - sont des mines d'informations, proposant des clés et créant le lien entre l'offre et la demande. Alain Lardet le souligne?: « Nous sommes en train de rattraper beaucoup de retard. Les designers français ont pris place dans le paysage international grâce à des sociétés étrangères, notamment italiennes. Cela a permis à la France de prendre conscience de ce réservoir de talents et, enfin, de faire appel à eux. » L'approche au design a également évolué. Il y a les vedettes comme Philippe Starck ou Andrée Putman. Mais d'excellentes écoles fleurissent à Paris et en régions (Duperré, Olivier de Serres, l'Ensad, l'Institut supérieur de design de Valenciennes, l'Esad à Amiens, à Saint-Etienne, etc.). « Dans l'évolution du design, explique Patrick Jouin, la chose la plus importante c'est, qu'avant, il y avait les designers stars. Maintenant il y a des centaines de designers qui sortent tous les ans des écoles. Le design n'est plus un métier d'autodidacte mais un métier qui est enseigné avec les bons et les mauvais côtés du processus. Le design s'est démystifié. »Préoccupations écologiques, recherches technologiques, les designers français sont au coeur des enjeux de notre temps (Mathieu Lehanneur, François Azambourg, Florence Doléac...), tout en maintenant une haute exigence esthétique (Jean-Marie Massaud, Christophe Pillet, Christian Biecher...). Des expositions phares et institutionnelles - celle consacrée à Philippe Starck au Centre Pompidou - d'autres venues d'initiatives privées - celle sur l'éditeur Pierre Staudenmeyer et sa galerie Néotu au passage de Retz, en 2009 - permettent aux visiteurs de s'imprégner, de comprendre et d'assimiler l'importance du phénomène design avec lequel nous vivons en véritable osmose consciente ou non. Alexandra d'Arnoux
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