La coalition allemande préfère la croissance à la rigueur

FiscalitéKarl-Theodor zu Guttenberg, le sémillant jeune ministre de l'Économie allemand, quitte rarement son sourire de jeune premier. Du moins pouvait-il hier le justifier. Reprenant les pronostics des cinq grands instituts économiques rendus publics jeudi, il a en effet confirmé que le gouvernement fédéral ne tablait plus officiellement que sur une contraction du PIB de 5 % cette année (contre ? 6 % attendus auparavant) et sur une croissance de 1,2 % l'an prochain (contre un recul de ? 0,5 % jusqu'ici prévu). Le ministre avait avancé cette annonce de cinq jours afin de permettre aux négociateurs conservateurs et libéraux de l'intégrer dans leurs discussions sur les baisses d'impôts qui doivent trouver une issue demain. éclaircie conjoncturelleJeudi, le ministre avait estimé que la future coalition bénéficiait désormais de « marges de man?uvre plus importantes » pour des baisses d'impôts. Il est vrai que l'estimation de déficit de l'État fédéral de 86 milliards d'euros en 2010 sera sans doute révisée à la baisse le 5 novembre prochain. Karl-Theodor zu Guttenberg a d'ailleurs déclaré qu'il y avait « de bonnes chances pour que le mouvement de reprise se renforce encore dans le courant de l'année prochaine ». Conséquence, dès vendredi matin, les négociateurs conservateurs ont adouci leur position et ont proposé aux libéraux des allégements fiscaux de 20 milliards d'euros. Jusqu'ici, ils proposaient 15 milliards d'euros. C'est encore loin des 35 milliards exigés par les libéraux, mais la voie du compromis est ouverte.Pourtant, même avec l'éclaircie conjoncturelle, la situation budgétaire reste préoccupante. D'autant que les négociations ont fait apparaître un besoin de dépenses supplémentaires de 120 milliards d'euros d'ici à 2013. Selon l'édition de vendredi du quotidien « Handelsblatt », l'objectif de consolidation budgétaire pourrait être suspendu pendant deux ans afin de ne pas entraver la reprise. En attendant, la coalition envisagerait d'intégrer les baisses d'impôts dans un vaste ensemble de soutien conjoncturel, une sorte de « troisième plan de relance », comportant dix mesures favorables aux entreprises, dont la réduction de la bureaucratie, la réforme de l'impôt sur les sociétés et l'allégement de celui sur les successions. man?uvre risquéeTout ceci devrait stimuler la croissance et contribuer à faciliter, à partir de 2012, la consolidation budgétaire. Mais la man?uvre est risquée. D'abord parce qu'il n'est pas sûr que deux ans avant les prochaines élections, la coalition soit prête à serrer toutes les vis budgétaires. Ensuite, parce qu'en laissant filer les déficits, comme a prévenu jeudi Axel Weber, le président de la Bundesbank, l'Allemagne encouragera la BCE à durcir rapidement sa politique monétaire.Romaric Godin, à Francfort
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