Ubisoft se trouve en butte à des difficultés structurelles

Pour Ubisoft, la séance boursière de mardi a été digne des plus terribles scénarios de jeux vidéo. Avec, dans le rôle des méchants, les investisseurs, qui ont fait plonger le cours de l'éditeur français de jeux de 23 %, au plus fort de la journée. En indiquant que le point mort (niveau de chiffre d'affaires à partir duquel le groupe dégage des bénéfices) se situait désormais à 960 millions d'euros, et non plus à 900 millions, Yves Guillemot, le PDG d'Ubisoft, a mis le feu aux poudres. Pour les analystes financiers, il s'agit d'un avertissement sur les résultats en bonne et due forme. Yves Guillemot a eu beau leur assurer que le groupe réaliserait un chiffre d'affaires précisément « supérieur à 960 millions d'euros », au cours de l'exercice 2010-2011 (qui s'achèvera en mars), et renouerait donc avec la rentabilité, rien n'y a fait.Stratégie discréditéeIl faut dire que les résultats du premier semestre, publiés lundi soir, ne sont guère encourageants. La société a accusé une perte nette de 89,8 millions, d'euros contre un déficit de 52 millions un an auparavant. Invoquant un « environnement particulièrement exigeant », Yves Guillemot a déploré les ventes moins bonnes que prévu des titres « Tom Clancy's Hawx 2 » et « Ruse », ainsi que des charges de 62,1 millions d'euros liées à l'abandon de projets insuffisamment porteurs. Cerise sur le gâteau, bien que les précommandes d'« Assassin's Creed Brotherhood », qui sortait mardi aux États-Unis et jeudi en Europe, excèdent de 25 % celles d'« Assassin's Creed 2 », Ubisoft a budgété pour ce dernier opus des revenus inférieurs au précédent.Certes, la conjoncture économique, maussade, n'aide pas Ubisoft. Mais le groupe ne souffre pas uniquement de difficultés conjoncturelles. « Ubisoft affiche une nouvelle fois des problèmes structurels de profitabilité », regrette le courtier Oddo Securities, qui fustige notamment les problèmes de qualité de certains jeux. À cet égard, la société a différé à l'exercice 2011-2012 la sortie de « Tom Clancy's Ghost Recon » et de « Driver San Francisco », qui devaient être commercialisés au quatrième trimestre 2010-2011. Ce report a ajouté à l'inquiétude des analystes. Résultat, ceux de Natixis ne conseillent plus d'acheter des actions Ubisoft.Idem pour leurs confrères de Deutsche Bank, qui estiment que l'ajournement des deux jeux « discrédite la stratégie (d'Ubisoft) visant à lancer chaque année des jeux sous franchise à succès ». Des jeux qui, pour certains, nécessitent en outre des coûts de développement très élevés. À tel point que les dépenses en recherche et développement ont représenté 37,8 % du chiffre d'affaires, au premier semestre 2010-2011, contre 29 % un an auparavant. Un problème qui touche le modèle économique.
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