La BCE double presque son capital pour faire face à ses achats d'obligations

La Banque centrale européenne (BCE) reprend des forces. Ce jeudi, son président Jean-Claude Trichet a obtenu l'accord de son conseil des gouverneurs, qui regroupe le directoire et les chefs des banques centrales nationales, pour une augmentation de 5 milliards d'euros du capital de l'institution. L'opération ? la première à cette échelle en douze ans d'existence pour la banque ? est loin d'être négligeable. Il s'agit d'ailleurs du montant maximal autorisé par les statuts de la banque. Le capital de la BCE sera ainsi majoré de 86 % et porté à 10,76 milliards d'euros.Ce sont les actionnaires de la BCE, autrement dit les banques centrales nationales de l'UE, qui financeront cette opération. Mais à des degrés divers. Les banques centrales des pays de la zone euro devront payer selon leur quote-part, soit un total de 3,5 milliards d'euros, dont 950 millions pour la Bundesbank et 710 millions pour la Banque de France. Pour celles des pays qui ne participent pas à la monnaie unique, la facture sera moindre, soit une somme complémentaire de 84 millions d'euros. Leur participation au frais de fonctionnement de la BCE sera en effet réduite de 7 à 3,75 % du montant de leur participation. Du coup, la Banque d'Angleterre, dont la participation au capital de la BCE est supérieure à celle de la Banque de France, ne paiera que 41 millions d'euros. Afin d'adoucir la pilule, les transferts se feront en trois annuités d'ici à 2012, la première intervenant le 29 décembre. La dissymétrie entre pays membres ou non de la zone euro dans cette opération prouve bien qu'elle est le résultat de la crise actuelle de la monnaie unique. La BCE a en effet participé très activement et concrètement au sauvetage des pays endettés de la zone euro en rachetant sur le marché leurs obligations souveraines depuis le mois de mai, pour un total de 72 milliards d'euros. Ils sont certes compensés par des reprises de liquidités, et le bilan de la BCE est resté stable depuis sept mois, mais le risque qui leur est attaché demeure. D'où la nécessité de renforcer sa capacité à répondre à des pertes éventuelles. Jean-Claude Trichet ne veut donc pas se laisser surprendre. Mais avant le conseil européen, il envoie également un message aux chefs de gouvernement : la BCE ne pourra augmenter plus avant son capital et donc elle ne peut seule assumer indéfiniment la sauvegarde de la zone euro. C'est du reste aussi la raison pour laquelle il a demandé lundi l'augmentation du fonds de sauvetage européen.romaric Godin, à Francfort
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