Fiscalités valseuses

La décision prise par l\'acteur Gérard Depardieu de partir s\'installer en Belgique n\'en finit pas de faire des remous. N\'ayant que peu goûté de voir qualifier son choix de « minable » par Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, il s\'est fendu d\'une lettre à ce dernier qui sur le ton de l\'ironie ne l\'envoie pas dire.A lire la missive, on ne voit pas où est le scandale, que dénonce par exemple la ministre de la Culture Aurélie Filippetti. Le génial acteur des « Valseuses », ce film cultissime des années 1970 qui fustigeait l\'esprit étriqué de la société française d\'alors, fait un bilan en tant que citoyen, et contribuable, de sa vie passée, et quelques réflexions sur le fonctionnement de la France (par exemple, l\'évocation de la lourde condamnation de son fils disparu Guillaume pour détention d\'héroïne). Surtout, il souligne combien l\'insulte (« minable ») adressée à lui, et lui seul, apparaît déplacée au regard du mouvement d\'évasion fiscale en cours, qu\'accueillent à bras ouverts nos pays voisins comme la Grande-Bretagne et la Belgique. Curieuse d\'ailleurs cette expression car à y bien réfléchir, on s\'évade en général des prisons.Au delà du cas Depardieu, le vrai problème réside dans la politique économique et fiscale que veut mener le gouvernement. Pour le moment, on constate une hausse des impôts appliquée au nom de la nécessité de réduire le déficit public sans remettre à plat le coût du fonctionnement de l\'Etat. Rappeler le principe de solidarité en des temps difficiles est louable, mais on attend aussi d\'un gouvernement qu\'il ait l\'ambition de mener une politique claire qui fixerait des objectifs réalistes et lisibles par tous, riches et moins riches. Dans ce cas, les efforts des uns et des autres serait menés en vue d\'une amélioration future.Or, on ne peut qu\'être sceptique lorsqu\'on entend Pierre Moscovici, le ministre de l\'Economie,  espèrait atteindre en 2013 un taux de croissance de 0,8% - l\'OCDE prévoit, elle, + 0,3% - et honorer l\'engagement pris auprès de l\'Europe d\'un déficit public contenu dans les 3% du PIB, quand bon nombre d\'acteurs n\'y croient pas.Ainsi, Pimco (Pacific Investment Management), le plus important fonds de gestion d\'obligations de la planète (il gère hors Europe quelque 560 milliards de dollars d\'actifs), a indiqué au Wall Street Journal qu\'il allait probablement arbitrer ses achats d\'obligations au profit de l\'Italie et de l\'Espagne et au détriment de la France. En ce moment, le Trésor français emprunte à court terme à des taux proche de zéro. La dette française reste une valeur solide, mais peu rentable, et puis surtout les doutes pour l\'avenir s\'installent dans la tête des « spéculateurs », comme dirait le gouvernement.Il est ainsi intéressant de noter que si la France ramènera son déficit public de 4,5% du PIB cette année, l\'Italie, elle, le ramènera à 2,9% de son PIB. Aussi, le papier italien pourrait s\'avérer pour les fonds d\'investissement plus attrayant que le papier français. L\'Italie a des besoins importants en 2013, puisque le pays doit lever 410 milliards d\'euros. Et puis, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a répété qu\'il ferait tout pour sauver l\'euro, autrement dit Italie comme Espagne auront le soutien, autrement dit, la garantie de l\'institution.Jean-Marc Ayrault pourrait trouver finalement du réconfort de l\'autre côté de l\'Atlantique. Républicains et démocrates doivent y trouver un accord pour relever le plafond autorisé de la dette publique, sinon le pays se condamne à faire défaut. Or, le chef de file des conservateurs à la Chambre des représentants, John Boehner, aurait accepté, malgré la forte opposition des représentants proches du Tea Party, que les plus riches ménages, ceux qui ont des revenus supérieurs à 1 million de dollars par an, soient davantage taxés, une concession faite pour obtenir un accord qui porte notamment sur un programme de réduction des dépenses publiques sur 10 ans.Va-t-on assister à un exil massif des stars d\'Hollywood vers la Belgique ?
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